La cour d'assises du Bas-Rhin a condamné mercredi à cinq ans de prison une mère de famille de 37 ans, reconnue coupable d'avoir tué sa fille de sept mois en la secouant violemment en 1999, et déjà condamnée pour avoir empoisonné à l'insuline une autre fille en 2005.
L'avocate générale avait requis "au moins cinq ans" de prison ferme assortie d'une période de suivi médico-judiciaire de 10 ans à l'encontre de Nathalie Connin. Poursuivie pour violences volontaires par ascendant ayant entraîné la mort sans intention de la donner, l'accusée encourait 30 ans de prison.
"Il n'y a aucun doute possible s'agissant du lien de causalité (entre les secouements et la mort de la petite fille). Et si elle ne voulait pas causer la mort du bébé, elle a au moins pris beaucoup de risques", a affirmé Lydia Pflug, soulignant que l'accusée souffrait d'une "vraie pathologie, une incapacité à aimer".
L'avocat de la défense, Me Emmanuel Geffroy, a pointé a contrario l'absence de preuves tangibles dans le dossier. Selon lui, "on est sur des présomptions, sur des compatibilités, le doute doit profiter à cette mère".
L'accusée a reconnu à l'audience avoir secoué sa fille quinze à vingt fois le 10 février 1999. Mais un doute demeurait sur le fait que ces violences fussent bien la cause de la mort du bébé, l'autopsie, réalisée des années après les faits, n'ayant pas été concluante.
Les pédiatres de l'hôpital de Haguenau (Bas-Rhin) avaient diagnostiqué à l'époque du drame une mort subite du nourrisson et l'affaire avait été classée.
Une enquête avait finalement été ouverte, après qu'un témoin eut rapporté avoir vu Nathalie Connin secouer sa fille le jour du décès.
Ce témoignage avait été recueilli dans le cadre d'une autre affaire, survenue en Loire-Atlantique où Mme Connin avait déménagé et eu une autre fille. Elle avait été soupçonnée d'avoir empoisonné l'enfant alors âgée de 14 mois, en lui administrant plusieurs injections d'insuline en 2005.
La fillette, hospitalisée d'urgence, avait été sauvée et les médecins avaient rapidement soupçonné chez la mère un "syndrome de Münchhausen", trouble psychique qui conduit un parent à rendre volontairement son enfant malade pour mieux le soigner ensuite.
Pour ces faits, qualifiés d'administration de substances nuisibles, Mme Connin a été condamnée à Nantes à trois ans de prison avec sursis en mars 2008.