Le procès de David Sagno, accusé du meurtre de deux femmes en 2001 et 2002 au pont de Neuilly, dont un avait entraîné la condamnation de Marc Machin, finalement libéré, s'est ouvert lundi devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine à Nanterre.
Le visage impassible, David Sagno, 37 ans, a pris place dans le box des accusés, face à la soeur de Marie-Agnès Bedot et au fils de Maria-Judith Araujo. Le père de Marc Machin était également présent dans le public.
Chez les proches des victimes, "il y a un véritable balancement entre l'envie de connaître la vérité et celle d'en finir avec les procédures judiciaires", a dit l'avocat de la mère de Marie-Agnès Bedot, Me Olivier Vincent.
Après le tirage au sort des jurés, le président de la cour d'assises des Hauts-de-Seine a procédé à l'appel des témoins, parmi lesquels figure Marc Machin, l'homme qui a purgé sept ans de prison pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot que David Sagno dit avoir commis.
Incarcéré pour non respect de son suivi socio-judiciaire dans le cadre d'une autre affaire, Marc Machin sera extrait mardi matin pour témoigner devant la cour. Outre Marc Machin, seront entendus les enquêteurs de la brigade criminelle à l'origine de la mise en accusation de ce dernier, notamment le policier qui lui avait extorqué des aveux ainsi que plusieurs experts psychiatres.
Dans la nuit du 3 au 4 mars 2008, David Sagno s'était rendu au commissariat de La Défense (Hauts-de-Seine) pour s'accuser des meurtres de Marie-Agnès Bedot, le 1er mai décembre 2001, et de Maria-Judith Araujo, le 22 mai 2002, commis pont de Neuilly. Si le second meurtre n'avait jamais été élucidé, le premier avait conduit à la condamnation à 18 ans de réclusion de Marc Machin, âgé de 19 ans au moment des faits.
Des analyses avaient permis de retrouver l'ADN de M. Sagno sur les corps des deux victimes, entraînant sa mise en examen pour "assassinat, viol et vol". Lors de ses aveux, M. Sagno avait en outre évoqué des détails du crime qui étaient restés inconnus des enquêteurs, comme une morsure à la main droite de la victime ou la présence d'un CD dans son sac à main volé.
Pour son avocat, Me Bérenger Tourné, David Sagno, "d'humeur toujours égale", "est malade s'il n'est pas fou", affirmant que tous "les experts psychiatriques font valoir qu'il nécessite des soins et concluent à une altération de son jugement au moment des faits".
Après presque sept ans de prison, Marc Machin avait bénéficié d'une remise en liberté en avril 2010 par la Cour de révision, qui avait annulé sa condamnation. Il doit être rejugé par la cour d'assises de Paris fin 2012, début 2013.