La cour d'assises des Hauts-de-Seine a acquitté vendredi un SDF de 37 ans qui avait poussé en avril 2009 un voyageur sous une rame de métro à La Défense, après avoir reconnu l'irresponsabilité pénale de l'accusé.
La cour d'assises a également ordonné l'hospitalisation d'office immédiate d'Ahmed Zobir. Deux des trois expertises psychiatriques de l'accusé remises à la cour avaient conclu à une abolition de son jugement au moment des faits.
La décision a semblé pétrifier la victime, très grièvement blessée, Renaud Roussillon. Sonné, il n'a pas souhaité s'exprimer.
Le 10 avril 2009, M. Roussillon, qui attendait, le nez dans ses dossiers, sur le quai à la station Grande Arche de la Défense sur la ligne 1, avait été poussé volontairement sur les rails à l'arrivée de métro par un homme qu'il ne connaissait pas et à qui il n'avait pas parlé.
Ahmed Zobir s'était élancé les deux bras en avant vers cet architecte d'intérieur, le projetant violemment sur les voies pour qu'il soit percuté de plein fouet par la voiture de tête. M. Zobir avait ensuite quitté les lieux en toute tranquillité.
M. Roussillon, architecte de 43 ans et père de deux enfants, avait été amputé de la jambe droite au-dessous du genou après ce drame. Il avait souffert d'un traumatisme crânio-facial, des fractures aux dents et au bras droit, ainsi que de multiples contusions.
Une peine de 20 ans de réclusion criminelle avait été requise contre l'accusé par l'avocat général Philippe Bourion, qui avait rappelé à la cour qu'elle "jugeait un tueur et non un pousseur".
"La victime n'est pas tombée. Elle a été projetée sur une rame de métro et il a été prévu qu'elle n'en réchappe pas. Ahmed Zobir n'a pas poussé un clampin ou un lascar, il a détruit le drapeau de ce qu'il voudrait être (...) le prototype de la normalité", avait affirmé l'avocat général.
"Un psychotique ne s'excuse pas comme Ahmed Zobir l'a fait, je crois de manière sincère, le psychotique ne se protège pas lorsqu'il parle aux policiers ou aux magistrats, le psychotique ne craint pas ses codétenus lors des promenades", a détaillé M. Bourion, concédant toutefois une altération de son jugement.
Interrogé sur le fait de savoir s'il relevait de la psychiatrie ou de la justice peu avant la clôture des débats, Ahmed Zobir avait répondu à voie basse: "La justice".
"Je crois que je vais être condamné, je ne sais pas", a-t-il ajouté.
Son avocat, Me Jean-Pierre Choquet, avait plaidé la "folie" de son client en retraçant l'itinéraire d'"un homme qui s'éloigne de plus en plus de la réalité avec une schizophrénie rampante".