C’est, au pire, un sale polar de gare. Au mieux un roman burlesque. Ou une œuvre de science-fiction. Enfin, il y a de tout. De quoi rire, pleurer, enrager, s’inquiéter, se désoler. Il y a un seul constat qui fasse l’unanimité : la situation actuelle de l’Olympique de Marseille est dramatique et ridicule.
Pas encore totalement assuré de son maintien, mais certain de terminer le championnat à une place indigne de son standing et d’un budget de plus de 110 millions d’euros, le club phocéen a accumulé les psychodrames, les crises de nerfs, les conflits internes pour, au final, donner une image désastreuse.
ça a commencé par le départ du Dieu Bielsa, statufié vivant mais qui a planté tout le monde. Et pas uniquement les méchants dirigeants, mais aussi ses joueurs et les supporters après la 1re journée, en août dernier. Il y a eu l’arrivée de Michel, sorte de VRP du foot, très classe, très souriant et très incompétent. Tout s’est dégradé de semaine en semaine. Privé d’El Loco, Vincent Labrune n’avait plus de pare-feu. Et il n’aime pas ça. Un bon parcours à l’extérieur, en Europa League et deux belles prestations contre le PSG ont permis de tenir quelques mois sans que l’invraisemblable série de purges au Vélodrome ne soit pas trop visible. Mais dès que l’OM a commencé à coincer en déplacement, la chute a été vertigineuse. L’ambiance à domicile a commencé à être franchement hostile, puis indifférente puisque le Vélodrome s’est vidé. Les présidents des associations de supporters, les mêmes depuis vingt ans, qui affectionnent tant d’ajouter du conflit au conflit, ont évidemment envenimé la situation, la colère du supporter étant une terre si facile à cultiver.
A lire aussi : Du chamboulement en défense dans mes 23 Bleus pour l'Euro, par Pierre Ménès
Et puis, les relations entre Margarita Louis-Dreyfus et Vincent Labrune ont commencé à se tendre. Labrune voulait la tête de Michel histoire de gagner, pour changer, du temps. «MLD» n’était pas disposée à lui rendre ce service, et encore moins à faire un gros chèque à l’entraîneur espagnol.
Finalement, Michel a pris la porte. Et l’OM, au comble de l’élégance, cherche à le licencier pour faute grave, ce qui est une vaste blague, mais qui en dit long sur l’incurie qui règne à la Commanderie. Passi, le roi de l’intérim, est de retour avec à côté de lui un Basile Boli encostardé, dont on cherche le rôle précis, voire même un semblant d’utilité. Légende ? Sûrement. Nouveau pare-feu ? Si tout va bien. Mais l’essentiel n’est pas là. L’OM est à vendre. Officiellement depuis quelques jours. Officieusement depuis des années.
Chaque jour, on nous parle de Chinois, de fonds de pension américains, de Saoudiens ou bien encore de la voisine de palier d’une bonne amie d’un prince du Qatar. On gagne du temps, on botte en touche. Mais la réalité est là. Nous arrivons au mois de mai. L’OM n’a pas de repreneur, plus d’entraîneur, probablement plus de président, pas de projet, pas de plan de recrutement.
Le club va devenir une coquille vide
Oui, l’OM est en danger. Sportivement. Qui va vouloir investir dans un club aussi sulfureux ? Les récentes écoutes dévoilées sont une contre-publicité désastreuse. Parce que pour redresser le club, il faut au minimum injecter 200 millions d’euros entre le rachat et le recrutement.
Y a-t-il un investisseur suffisamment amoureux de l’OM et de son prestige pour se lancer dans une aventure aussi chaotique ? J’en doute. Mais le pire serait de céder le club à un branquignol, qui se fera de la pub quelques semaines avant que les vrais ennuis ne commencent.
Finalement, il n’y a rien de drôle là-dedans. Parce que c’est tout le football français qui a besoin d’un OM puissant et conquérant. On en est tellement loin.