Un premier match comme un avant-goût de sa nouvelle vie: Zinedine Zidane a eu dimanche un aperçu des frissons que lui réserve la carrière d'entraîneur, débutant sur le banc de la réserve du Real Madrid par une défaite riche d'émotions et d'enseignements.
Voilà "Zizou" de retour "en première ligne", comme l'icône du football français l'avait souhaité.
Et qu'importe si son équipe, le Real Madrid Castilla, s'est laissé rejoindre puis dépasser par l'Atletico Madrid B (1-2) lors d'un "mini-derby" comptant pour la 1re journée de Segunda B (3e division espagnole): à 42 ans, Zidane a enfin franchi le pas pour devenir entraîneur principal.
Debout sur le bord du terrain, le Ballon d'Or 1998 vit le match intensément et ne tient pas en place. Il se lève, se rassoit, s'accroupit, s'adosse à son banc et échange avec ses adjoints.
Souvent, il recadre un joueur d'un geste, appelle un prénom, donne une consigne. Le tout entrecoupé de quelques encouragements en espagnol: "Vamos!" ("Allons-y!"), "Va, va, va, va" ("Vas-y, vas-y"), "Fuera !" ("Montez!").
A Majadahonda, dans le centre d'entraînement de l'Atletico en banlieue de Madrid, le stade champêtre de Cerro del Espino n'a pas fait le plein, malgré la présence de plusieurs centaines de spectateurs sous le chaud soleil d'août.
De loin en loin, le speaker du stade cite l'immatriculation d'un véhicule mal garé et on se sent à des années-lumières du stade de la Luz à Lisbonne, où "ZZ" a contribué en mai à la conquête de la 10e Ligue des champions du Real comme adjoint de Carlo Ancelotti, l'entraîneur de l'équipe première.
- 'C'est un luxe d'apprendre avec lui' -
Dans la tribune, certains supporteurs "rojiblancos" chambrent volontiers le "Gabacho" (le Français). Il y a des enfants qui crient "Zidane, Zidane", espérant arracher un sourire à la star. Il y a aussi Juan Daniel Nebel, un supporteur du Real venu d'Equateur pour assister à ce match.
"Zidane apporte ce dont le Castilla avait besoin, c'est une fierté de l'avoir", explique à l'AFP ce jeune avocat de 26 ans, revêtu d'un maillot et d'une écharpe du Real. "Toutes les équipes de Segunda B ne peuvent pas se targuer d'avoir un entraîneur de cette qualité."
Short et polo noirs du club, "Zizou" exulte discrètement quand son équipe ouvre la marque à la demi-heure de jeu. Se crispe lorsqu'un de ses joueurs trouve le poteau adverse. Secoue la tête sur l'égalisation et rajuste sa casquette, perplexe, sur le but du 2-1.
Mais, disposée en 4-4-2, son équipe n'a pas démérité, affichant une belle qualité de jeu et beaucoup de maîtrise.
"Zidane est un bon entraîneur", assure le jeune gardien merengue Alfonso Herrero. "C'est un luxe d'apprendre avec l'un des meilleurs joueurs du monde. Il sait très bien transmettre son message et nous avons une idée très claire de notre jeu."
Tout le défi de Zidane consistera dans les prochaines semaines à faire refleurir la pépinière de la "Maison blanche", rétrogradée l'an dernier de 2e division. Et si la greffe prend, les supporteurs espèrent que l'ex-meneur du club merengue (2001-2006) postulera un jour à la tête de l'équipe première.
"Si le Zidane entraîneur est à moitié aussi bon que le joueur, Ancelotti peut se faire du souci", conclut en plaisantant Juan Daniel Nebel.