Karim Benzema, tonitruant contre le Honduras et la Suisse avec trois buts et deux passes décisives, mais muet devant l'Equateur et le Nigeria, devra enclencher la vitesse supérieure face à l'Allemagne pour aider l'équipe de France à passer le cap des quarts de finale dans le Mondial.
Pour que le deuxième match des Bleus au prestigieux Maracana de Rio de Janeiro ne soit pas le dernier dans le tournoi, vendredi, il faudra que l'attaquant madrilène prouve qu'il a tout d'un grand. Et même si son talent, ses qualités ne se mesurent pas qu'en termes statistiques, il serait bien inspiré de vite retrouver le chemin des filets.
Propulsé leader technique depuis le forfait de Ribéry, Benzema est le seul joueur français à prétendre être de classe mondiale. S'il veut rivaliser avec les Messi, Neymar et autres Robben encore en lice, il doit à ce stade de la compétition prendre les choses à son compte. Ce quart de finale doit être le sien, et il n'aura alors accompli qu'un tiers de l'ascension jusqu'en finale le 13 juillet.
Pour cela, il doit poursuivre son excellente entame de tournoi, qui a idéalement mis sur orbite les Bleus, quasiment sûrs après deux victoires probantes face aux Honduriens (3-0) et aux Suisses (5-2) de se qualifier pour la seconde phase.
Il a d'abord inscrit un doublé contre la H et poussé le gardien à marquer un but contre son camp validé par la toute nouvelle technologie sur la ligne de but. Puis il a encore marqué contre la Nati et délivré deux passes décisives à Matuidi et Sissoko. Sans un coup de sifflet hâtif de l'arbitre sur la dernière action de ce match, il aurait pu voir son 4e but personnel validé.
ci-dessus
Totalement remis de ses soucis musculaires à une cuisse après la finale de la Ligue des champions jouée sur une jambe mais remportée avec le Real Madrid contre l'Atletico, Benzema a été à la fois excellent et réaliste, dans la lignée de ses fréquentes performances majuscules des six derniers mois.
Des sept derniers mois, même, en remontant jusqu'à l'exploit de la France contre l'Ukraine en barrage retour (3-0), où son but, s'ajoutant au doublé improbable de Sakho, avait été décisif pour ouvrir aux Bleus les portes du Brésil.
- Sorti du match -
Benzema, qui a connu la psychose de l'inefficacité pendant 16 longs mois entre juin 2012 et octobre 2013, soit 1.222 minutes sans marquer en Bleu, n'a ensuite scoré ni contre l'Equateur (0-0) dans le dernier match du groupe E, ni contre le Nigeria (2-0) qui a fini par plier en 8e de finale après une tête de Pogba et un but contre son camp de Yobo.
Frustré par les rares occasions qu'il a eues à se mettre sous la dent contre la Tri, l'attaquant de 26 ans (70 sélections, 24 buts) est ensuite apparu véritablement agacé face aux Super Eagles, essentiellement en raison de son association forcée avec Giroud qui l'a obligé à se positionner à gauche, lui qui ne jure que par l'axe.
Jusqu'au remplacement de Giroud par Griezmann à l'heure de jeu, on a ainsi vu Benzema perdre une énergie folle à manifester son mécontentement à chaque action infructueuse du Gunner et lui même jouer à l'envers. L'image n'était pas glorieuse.
ci-dessus
Résultat des courses, même en retrouvant sa position préférentielle dans l'axe pour la dernière demi-heure, il a manqué deux franches occasions face à Enyeama dont un duel à sa portée. Il était sorti du match.
Cette attitude répréhensible, prolongée par un discours accablant indirectement Giroud à l'issue de la rencontre -"Griezmann a apporté quand il est entré en jeu. On a trouvé plus de profondeur, alors qu'en première période, on en manquait"-, n'est clairement pas le Benzema dont la France a besoin.
Finalement, la sortie de route de l'avant-centre incontournable des Bleus n'a pas eu de conséquence fâcheuse puisque les Bleus se présentent malgré tout devant l'Allemagne. Nul doute que Deschamps aura fait en sorte d'ici vendredi de remettre son joueur majeur sur le bon chemin. Celui des filets de Neuer.