Le retour de l’hiver. Après avoir goûté à des températures estivales, la France connaît à partir de ce vendredi un épisode de froid avec une chute radicale du mercure, faisant craindre de gros dégâts sur les cultures.
L’an dernier, un épisode semblable avait dévasté les vignobles et plusieurs régions d’arboriculture, entraînant au total près de 2 milliards de perte de chiffre d’affaires.
Ce gel d’une ampleur inédite avait entièrement détruit certaines récoltes et marqué les esprits. Aussi, cette année, une certaine fébrilité règne dans les champs.
Pour l’heure Météo France se veut prudente et rassurante : «on peut espérer avoir moins de dégâts que l'an dernier», a déclaré Mathieu Regimbeau, agrométéorologue à Météo-France. D’après lui, le froid sera «moins brutal et plus modéré», d'autant que «toutes les végétations n'ont pas entamé leur débourrement».
Des températures trop élevées
Car c’est là qu’est le nerf du problème. Le gel début avril n’est pas inhabituel, en revanche les températures exceptionnellement douces, oui. Elles vont avoir pour effet d’accélérer le processus de maturation des végétaux et de provoquer le débourrement, c’est-à-dire la période d'ouverture des bourgeons. Or c’est précisément à partir de la fin du repos végétatif que le gel devient menaçant pour les récoltes : il détruit les premières pousses.
Le ton est plus mesuré du côté d’ITK (Intelligence Technology Knowledge). Cette société basée dans l’Hérault est spécialisée dans les services connectés pour l’agriculture et notamment les prévisions météorologiques.
Pour Serge Zaka, agroclimatologue, «tous les modèles ne sont pas en accord sur les valeurs de températures minimales» attendues à la suite de cette violente descente d’air froid. La présence de neige au sol est plutôt une bonne nouvelle pour les grandes cultures qui vont se retrouver protégées par cette couche. En revanche l’arboriculture est beaucoup plus vulnérable.
Les abricotiers et les pruniers menacés
En clair, le scénario pessimiste prévoit de gros dégâts pour les abricotiers, les pruniers, les poiriers et les cerisiers. Les pertes pourraient être comprise entre 90% et 100% dans le centre de la France. Mais une couverture nuageuse pourrait suffire à éviter ces prévisions catastrophiques.
Il reste une autre inconnue pour affiner les prévisions de dégâts potentiels. La durée de l’événement est difficile à déterminer selon les météorologues. Mais on peut déjà s’attendre à une vague de froid au minimum jusqu’au 4 avril. On en saura plus sur la suite ces prochains jours.
Dans les vignes, le gel de l’an dernier est encore dans tous les esprits. Sans attendre plus de précisions de Météo France, de nombreux viticulteurs en Bourgogne ont déjà installé des dispositifs sensés lutter contre le gel : des bougies de la taille d’un seau qui apportent un peu de chaleur aux pieds de vigne pendant quelques heures.
D’après les scientifiques, ces situations exceptionnelles vont se répéter de plus en plus souvent, conséquence du réchauffement climatique.