On connaissait le crowdfunding pour le financement participatif, voici maintenant le crowdbutching pour l'achat de viande en groupe. Derrière cet anglicisme, se cache en fait une pratique assez ancienne dans les campagnes : lorsqu’un éleveur abattait une bête, il gardait une bonne partie pour lui et sa famille et vendait le reste aux voisins. Du financement partagé avant l’heure.
C’est aujourd’hui ce que propose au plus grand nombre la nouvelle plate-forme Grutto, déjà présente au Pays-Bas et en Allemagne. Pour passer commande, les consommateurs doivent sélectionner une race de vache (Charolais, Salers, Limousin,etc.). Et ce n’est qu’à partir d’un certain nombre de commandes que l’abattage est lancé, soit quarante-quatre. Une façon de lutter contre le gaspillage : l’ensemble de la bête est vendu, il n’y a pas de perte pour l’éleveur.
Chaque commande ou « box » pèse son poids : une cinquantaine de pièces variées, du steak haché au rôti en passant par le faux-filet, soit 6,2 kilos au total. Un certain délai est à prévoir avant de recevoir le colis (le temps de faire de la place dans le congélateur).
Grutto met en avant la qualité de son produit : la viande est maturée 15 jours afin qu’elle développe ses arômes et une bonne texture. « En France nous avons tendance à manger une viande trop fraiche. La grande distribution veut aller de plus en plus vite. C’est vrai qu’une viande qui stagne, cela coute de l’argent. » explique Marion Marinov, responsable France Grutto.
L’autre avantage réside dans la traçabilité. Quand on sélectionne sa bête, le nom de l’éleveur et sa photo apparaissent mais aussi la boucle de l’animal, cette petite étiquette qu’on retrouve sur l’oreille et qui permet son identification.
Actuellement la plate-forme travaille avec six éleveurs repartis dans toute la France. Cinq autres vont venir rallonger la liste sous peu. D’après Grutto, ils ont été sélectionnés en fonction d’une charte qualité : élevage à l’extérieur et en étable paillée, alimentation à base d’herbe ou de légumes et de céréales issus de la ferme, antibiotique uniquement pour soigner et non prévenir, pas d’engrais chimique dans les près…
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Côté prix, le kilo de viande revient en moyenne à 16€ contre 19€ dans une boucherie traditionnelle mais 14€ dans la grande distribution. Un prix que Grutto assume : « Notre démarche de qualité a un coût. Le consommateur sait ce qu’il achète ».
Depuis son lancement, les commandes vont bon train. « Certains clients en sont à leur deuxième box » assure Marion Marinov. Et le site veut aller plus loin : il sera possible sous peu d’y acheter du poulet et du porc.