Le juge des libertés et de la détention qui avait autorisé, le 3 septembre dernier, la sortie de rétention de Taha O., suspect du meurtre de Philippine, avait également pointé une possible récidive de l'individu.
Depuis le meurtre de la jeune Philippine et l'interpellation d'un suspect, mardi en Suisse, le parcours de ce dernier soulève des questions. Après un séjour en prison pour viol, ce ressortissant marocain visé par une obligation de quitter le territoire (OQTF), avait été placé dans un centre de rétention dont il a été libéré malgré un «risque de réitération de faits délictueux» pointé par le juge.
Taha O., 22 ans, avait été condamné en 2021 pour un viol commis en 2019 et libéré, «en fin de peine», en juin, selon le parquet de Paris. Il n'a pas bénéficié de libération conditionnelle, selon une source judiciaire française, il est sorti à la fin de sa peine, en bénéficiant de réductions automatiques que la loi permettait encore à l'époque de sa condamnation.
Après cela, l'individu a été admis au Centre de rétention administrative de Metz (Moselle) et a, durant son séjour, été présenté devant le juge des libertés et de la détention à quatre reprises. Les trois premières ont donné lieu à une prolongation de sa rétention mais, d'après les documents officiels consultés par le Figaro, le droit français ne permettait pas d'aller au-delà.
«le risque de réitération de faits délictueux ne peut être exclu»
Lors de la quatrième et dernière audience, le 3 septembre, le juge a maintenu qu'en raison de «la situation personnelle et pénale» de l'intéressé, «qui ne justifie ni d'un logement, ni d'une insertion sociale ou professionnelle, et n'a aucun revenu, le risque de réitération de faits délictueux, et donc la menace à l'ordre public ne peut être exclue».
Mais le magistrat a aussi souligné qu'en vertu de l'article 742-5 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du Droit d'asile, la prolongation de la durée d'une rétention au-delà de soixante jours doit relever de l'«exceptionnel». Or, «aucun comportement de l'intéressé qui aurait constitué une menace ou un trouble à l'ordre public au cours de la période de 3e prolongation» n'avait été signalé.
En parallèle, le juge notait que Taha O. avait lui même exprimé son intention de «quitter la France» et que les autorités étaient à ce moment-là sans réponse de la part du Maroc pour valider le laissez-passer consulaire permettant le retour du jeune homme dans son pays d'origine.
Sa sortie a donc été autorisée, avec l'obligation de pointer et une assignation à résidence dans un hôtel de l'Yonne, dans lequel Taha O. ne s'est jamais rendu. Le Maroc a finalement répondu positivement début septembre à la demande de laissez-passer consulaire, mais le suspect était déjà remis en liberté. Le 19 septembre, la veille du meurtre de Philippine, Taha O. avait été inscrit au fichier des personnes recherchées, parce qu'il ne respectait pas son obligation de pointer.