Le procès de l’affaire des viols de Mazan (Vaucluse) s’ouvre au tribunal d’Avignon le lundi 2 septembre et durera jusqu’au 21 décembre. Il implique Dominique P., accusé d’avoir drogué sa femme à son insu pendant dix ans et d’avoir recruté des dizaines d’hommes pour la violer.
C’est un procès qui fera date. Tout d’abord par le nombre d’accusés : 51 prévenus face à une seule victime, une femme septuagénaire qui souhaite garder l’anonymat. C'est également un procès important au regard des faits reprochés qui en feront un procès symbolique de la soumission chimique, c’est-à-dire l’acte de droguer une personne pour pouvoir abuser d’elle lorsqu'elle est inconsciente. La fille de la victime, Caroline Darian, s'est d’ailleurs portée partie civile lors de ce procès et souhaite en effet utiliser l’exposition pour dénoncer la soumission chimique, combat qu'elle mène grâce à son association «M'endors pas».
Cette affaire hors du commun avait débuté le 12 septembre 2020 par un simple fait divers. Surpris par un vigile, Dominique P., le mari avait été interpellé dans un magasin de Carpentras (Vaucluse) en train de filmer sous les jupes de clientes. En visionnant son ordinateur saisi à son domicile de Mazan, les enquêteurs vont découvrir des vidéos montrant son épouse inconsciente violée par des hommes.
Si 51 personnes vont comparaître au procès, les enquêteurs estiment que près de 80 hommes différents ont été identifiés sur les 20.000 vidéos et photos de ces viols retrouvées dans l’ordinateur de Dominique P. Sur Internet, ils vont également retrouver des messages du mari postés sur des forums de rencontres libertines ou des sites comme Coco, (fermé après plusieurs affaires de guet-apens) où il proposait à des personnes de venir profiter de sa femme, inconsciente. La victime a donc appris les faits par le bais des policiers.
51 prévenus, de 22 à 71 ans
Le procès est considéré comme hors norme, car il a nécessité des aménagements au tribunal judiciaire d’Avignon selon les explications de La Provence. Ainsi, le box des accusés de la salle de la cour d’assises du tribunal a été agrandi en prévision de la comparution des 51 prévenus, de 22 à 71 ans dont 18 sont détenus. Les geôles du tribunal ont également été agrandies et un dispositif important et coûteux sera mis en place pour amener chaque jour tous les prévenus. Enfin, une salle de retransmission en direct a été prévue au tribunal pour les journalistes, qui seront très nombreux pendant les quatre mois de couverture du procès.
L’ouverture de l’affaire des viols de Mazan a également permis d’établir des liens avec deux dossiers (meurtre et l’autre de tentative de viol) des années 1990 survenus en région parisienne pour lesquels l’ADN de Dominique P. correspond.