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«La Grande mutation» : quelle est cette secte dont six cadres ont été condamnés pour abus de faiblesse ce mardi ?

Le gourou, Etienne Guillé, affirmait avoir parcouru 22 planètes avant de revenir sur Terre pour sauver la race humaine des forces occultes [LOIC VENANCE/AFP]

Six cadres de la secte de la «Grande mutation» ont été condamnés pour abus de faiblesse par le tribunal correctionnel, ce mardi 2 juillet. Les peines vont jusqu'à trois ans de prison ferme.

Signalée par les proches de plusieurs adeptes, la secte de la Grande mutation était devant la justice, ce mardi 2 juillet. Le tribunal correctionnel a reconnu six cadres du mouvement coupables d'avoir mis sous «emprise» et isolé des personnes entre 2010 et 2015. Jusqu'à trois ans de prison ferme ont été prononcés contre les membres de ce groupe fondé par Etienne Guillé, ex-enseignant chercheur au CNRS décédé pendant l'enquête en 2018, à l'âge de 81 ans.

Le gourou affirmait avoir parcouru 22 planètes avant de revenir sur Terre pour sauver la race humaine des forces occultes. Son dogme reposait sur l'existence de «bons» êtres, les REC pour «Races éternelle constitutive» et de «mauvais», les ARC, pour «Anti-race constitutive». Il prétendait être en mesure de les distinguer les uns des autres à l'aide d'un pendule.

Les proches des adeptes étaient bien souvent désignés comme des êtres malfaisants, ce qui a conduit à des divorces, des ruptures familiales et même au suicide de l'une des disciples.

Agés de 40 à 76 ans, les six prévenus ont exercé diverses responsabilités au sein de la Grande mutation, entre 2010 et 2015. Ce mardi, la peine la plus lourde a été infligée à Jean-Noël K., 66 ans, le plus haut cadre de ce mouvement fondé par son beau-père. Il a toujours refusé de qualifier le mouvement de secte, préférant parler d'un groupement de gens partageant «une vision différente de la vie».

Ce sexagénaire était accusé d'abus de faiblesse comme les autres prévenus, mais était le seul à répondre également d'une accusation d'exercice illégal de la médecine pour avoir préconisé à une adepte le traitement d'un glaucome par du sérum physiologique «énergisé». Jean-Noël K. a été condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis et sera convoqué d'ici à un mois pour exécuter la partie ferme de sa peine en prison.

Sa conjointe, Béatrice R., a été condamnée à quatre ans d'emprisonnement dont deux ferme. Le tribunal, qui la considère comme une membre du «premier cercle» des dirigeants de la Grande mutation, lui a reproché «l'absence de prise de conscience de l'extrême gravité des faits».

Les victimes réduites à des «objets»

Lors de l'audience en mai dernier, la procureure Solène Gallo a expliqué que les victimes, qui présentaient une «fragilité» préexistante, ont été «dépossédées de leur capacité de penser par elles-mêmes et de leur «libre arbitre» pour être réduites à des «objets».

Ce mardi, la présidente a insisté sur le fonctionnement pervers du mouvement, qui attirait des personnes fragiles et intéressées par la science, pour leur «laisser croire qu'elles deviendraient une élite» et accéderaient à la «connaissance». Une vingtaine de victimes a été recensée, sachant que l'une d'entre elles s'est suicidée et plusieurs autres ont tenté de le faire.

Jérôme L., enseignant-chercheur, «maître à penser» et «caution scientifique» du mouvement, a quant à lui été condamné à trois ans de prison dont un ferme, à effectuer sous bracelet électronique, tout comme l'homme chargé de «l'organisation logistique» du mouvement. 

Valérie D., elle, formait un couple avec Etienne Guillé, de trente ans son aîné. D'abord considérée comme une victime, elle a finalement comparu avec les autres prévenus car le tribunal, tout en reconnaissant «l'emprise» du gourou sur elle, a sanctionné son implication dans le recrutement, les séminaires et l'élaboration de la «charte» de la secte. Elle a été condamnée à trois ans d'emprisonnement dont 18 mois ferme, à purger sous bracelet électronique. L'ensemble des prévenus écope par ailleurs d'une amende de 5.000€ et doit dédommager les parties civiles.

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