Un immeuble du centre de Marseille (Bouches-du-Rhône) s'est effondré dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 avril. Lundi matin, les secours ont découvert deux premiers corps dans les décombres. Puis deux autres ont été extraits quelques heures plus tard, et deux autres ce lundi soir.
Des témoins racontent que «tout a tremblé», dans la nuit de samedi à dimanche, vers 00h40, lors de l'effondrement d'un immeuble au 17 rue de Tivoli, à Marseille (5e). Les causes exactes du sinistre ne sont pas encore connues mais les autorités pointent une explosion due au gaz. Un bilan provisoire fait état de six morts et cinq blessés, dont la vie n'est pas menacée.
SIX corps extraits des décombres
«Deux corps sans vie» ont été découverts ont indiqué les pompiers dans un bref communiqué peu après 01h ce lundi. Mais «compte tenu des difficultés particulières d'intervention, l'extraction (des corps du site) prendra du temps».
Ce matin, la peine et la douleur sont grandes. Deux corps ont été retrouvés sous les décombres.
Je pense aux proches et à ceux qui souffrent et demeurent dans l'inquiétude. Marseille se tient à leurs côtés.
Les opérations de secours et de recherches se poursuivent, sans relâche.— Benoît Payan (@BenoitPayan) April 10, 2023
Un troisième corps, puis un quatrième, ont été retrouvés et sortis des décombres quelques heures plus tard ce lundi. En fin de journée, un cinquième corps a été découvert dans les décombres, selon les marins-pompiers, puis un sixième dans la soirée, selon le parquet. Le bilan reste toutefois très provisoire.
Le parquet a indiqué que «les opérations d'identification se poursuivent» pour les victimes déjà sorties des décombres. Deux autres personnes pourraient encore être coincées sous les gravats.
Ce lundi, une personne qui était envisagée comme portée disparue s'est finalement «manifestée» auprès de ses proches. «Cette neuvième personne ne fait donc pas partie de la liste des personnes disparues qui est donc stabilisée à six à cette heure (09h45), deux corps ayant été découverts dans la nuit», sous les décombres de l'immeuble écroulé, a précisé le parquet.
Le bilan provisoire fait état de six morts, cinq blessés et «33 personnes évacuées».
Un numéro vert de la mairie a été mis en place (04.91.55 11.11) et un centre d'accueil destiné aux personnes recherchant un membre de leur famille ou un proche dont ils n’auraient pas de nouvelles après l'effondrement du 17 rue de Tivoli a été ouvert.
Les secours ralentis par l'incendie
L'incendie qui s'est déclaré dans les décombres du 17 rue de Tivoli a longtemps rendu l'intervention des secours difficile. Désormais, les chiens de recherche peuvent passer dans les décombres pour trouver d'éventuelles victimes. Les travaux de déblaiement sont aussi en cours, malgré «des poches très chaudes et les fumées (qui) continuent à sortir des gravats», a indiqué la procureure. Le but des sapeurs-pompiers est d'éteindre totalement l'incendie qui couve.
D'après le vice-amiral Lionel Mathieu, commandant des marins-pompiers de Marseille, plus d'une centaine d'hommes, appuyés par de nombreux équipements, sont mobilisés. Une grue a été mise en place.
En parallèle, les secours doivent également gérer les dommages causés aux immeubles voisins. Les numéros 19 et 15 de la rue ont été touchés et huit personnes qui s'étaient réfugiées sur le toit-terrasse de ce dernier bâtiment ont été sauvées dans la nuit, par des pompiers montés sur une grande échelle. Dans la matinée, le 15 s'est partiellement effondré à son tour (à 70%), compliquant encore la tâche des secours, encombrés par davantage de gravats. Le second présente aussi des risques de tomber.
Le gaz à l'origine de l'explosion ?
La procureure de Marseille, Dominique Laurens, a annoncé l'ouverture d'une enquête pour «blessures involontaires». Elle a précisé qu'il était «impossible d'indiquer qu'elles sont les causes de l'explosion», au moment où elle a pris la parole, à 18h dimanche. Le gaz fait partie des pistes, a-t-elle ajouté.
En effet, d'après Yannick Ohanessian, l'adjoint chargé de la sécurité à la mairie de Marseille, «plusieurs témoignages» ont rapporté «des odeurs suspectes de gaz».
Le maire, le préfet et la procureur ont écarté a priori l'hypothèse d'une insalubrité de l'immeuble. Selon Christophe Mirmand, «il n'y avait pas d'arrêté de péril pour ce bâtiment et ce n'est pas un quartier recensé comme ayant de l'habitat insalubre». Gérald Darmanin a confirmé que l'immeuble «était dans un état très convenable» et qu'«il n'y a pas eu d’intervention récente des pompiers dans la rue».
Une trentaine d'immeubles ont été évacués par précaution. Quatre rues sont concernées, pour 90 foyers et 186 personnes, a indiqué le ministre du Logement, Olivier Klein.
La question du mal-logement est très sensible à Marseille, où plusieurs effondrements mortels d'immeubles ont eu lieu au cours des quarante dernières années. Le dernier date de novembre 2018, lorsque deux bâtiments du quartier de Noailles se sont écroulés, causant la mort de huit personnes.