La cour d’appel d’Amiens accueille à partir de ce jeudi 6 avril le procès des agressions sexuelles collectives subies par Shaïna en 2017 à Creil (Oise). Une justice posthume, l’adolescente ayant été assassinée deux ans plus tard, sans lien avec cette affaire.
Le destin de Shaïna est tragique. Assassinée en 2019 à Creil (Oise), brûlée vive alors qu’elle était enceinte, l’adolescente avait été agressée sexuellement deux ans plus tôt dans la même ville, alors qu’elle avait 13 ans, par plusieurs garçons (les deux affaires ne sont pas liées). Le procès en appel concernant deux agressions sexuelles distinctes s’ouvre ce jeudi 6 avril, à Amiens. Quatre individus, tous mineurs au moment des faits, sont sur le banc des accusés jusqu'au 9 juin.
Trois d’entre eux avaient initialement été mis en examen pour viol, avant que les éléments de l’enquête ne fassent requalifier les poursuites en agressions sexuelles, violences en réunion et enregistrement d’images pornographiques d’une mineure. Le 31 août 2017, ils se seraient donc livrés à ces actes, dans un hôpital désaffecté de la ville où elle avait été attirée. La scène avait été filmée et une photo avait été utilisée par l’un des accusés pour faire chanter Shaïna, ce qui l’avait poussée à porter plainte.
L’individu en question, ex-petit ami de Shaïna, est d’ailleurs poursuivi également pour «pressions graves», en vue d’obtenir des faveurs sexuelles. Il est présenté comme le meneur du trio. Il était âgé de 14 ans au moment des faits. Les deux autres avaient 16 et 17 ans. Lors du premier procès, tous avaient nié les faits, expliquant au contraire avoir filmé l’adolescente pour calmer ses ardeurs, car c’était elle qui souhaitait des rapports sexuels.
Des peines trop faibles et une relaxe, le parquet avait fait appel
Ils avaient néanmoins été reconnus coupables d’agression sexuelle et violences en réunion, mais relaxés pour diffusion d’images pornographiques d’une mineure. L’ex-petit-ami avait écopé d’un an de prison avec sursis probatoire de deux ans. Les deux autres avaient été condamnés à huit mois de prison avec sursis probatoire de deux ans.
Le quatrième accusé est lui poursuivi pour une autre agression sexuelle, que Shaïna avait indiqué avoir subie une semaine auparavant, le 24 août. Elle avait dénoncé ces faits en même temps que l’agression en réunion. Agé de 17 ans au moment des faits, il avait toujours nié les attouchements et avait été relaxé en première instance.
Face à cette relaxe et à la faiblesse des peines pour les trois premiers accusés, le parquet avait fait appel. Il avait requis deux ans de prison dont un ferme contre l’ex petit-ami et contre le quatrième. Pour les deux autres accusés du trio, il avait demandé neuf mois de prison ferme et six de sursis probatoire.
Dans le dossier de l’assassinat de l’adolescente, l’accusé va être jugé à partir du 5 juin par la cour d’assises des mineurs de l’Oise. Il était âgé de 17 ans au moment des faits.