Accusé d’avoir commis l’attentat de la rue Copernic, en 1980 à Paris, Hassan Diab est jugé à partir de ce lundi 3 avril dans la capitale. Il ne devrait cependant pas être présent.
La cour d’assises spéciale de Paris, qui s’occupe des dossiers de terrorisme, va juger à partir de ce lundi 3 avril Hassan Diab, Libanais accusé d’avoir posé la bombe qui avait fait quatre morts devant une synagogue de la rue Copernic, il y a 43 ans dans la capitale. Particularité, l’unique accusé devrait être absent, préférant rester au Canada, où il vit. Il sera toutefois jugé pour assassinats, tentatives d’assassinats et destruction aggravés en relation avec une entreprise terroriste. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, mais pourrait tout autant être acquitté, selon son avocat, Me William Bourdon.
Le 3 octobre 1980, dans la rue du 16e arrondissement de Paris, une bombe posée sur une moto avait explosé près de l’entrée d’une synagogue, un soir de shabbat. Quatre personnes étaient mortes et une quarantaine blessées. Il s’agissait du premier attentat à viser la communauté juive en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Un dossier extrêmement long
Après avoir suivi plusieurs pistes, dont celle de l’extrême droite, l’enquête avait mis en évidence celle menant au terrorisme palestinien. L’acte n’ayant jamais été revendiqué, un groupe dissident du Front populaire de libération de la Palestine, le FLP-OS, avait finalement été identifié comme responsable. Le nom d’Hassan Diab était apparu dans le dossier en 1999 comme l’un des membres du commando auteur de l’attentat. Les renseignements intérieurs le désignaient comme celui qui aurait fabriqué la bombe, dans une chambre d’hôtel, avant de la placer sur la moto. Un passeport à son nom avait d’ailleurs été saisi, portant des tampons d’entrée et sortie d’Espagne, pays d’où le commando serait parti pour mener son forfait. Par ailleurs, des portraits-robots du suspect aperçu dans la rue Copernic lui correspondaient.
Il avait été arrêté bien plus tard, en 2008, alors qu’il travaillait comme professeur de sociologie au Canada (il avait été naturalisé). Son extradition vers la France n’interviendra que six ans plus tard. Face aux enquêteurs, il avait d’abord gardé le silence avant d’assurer qu’il se trouvait dans une université de Beyrouth, au Liban, au moment de l’attentat. Son ex-épouse, ainsi que des étudiants, ont appuyé cette défense.
En 2018, les juges d’instruction avaient ordonné un non-lieu. «Les charges pouvant être retenues contre Hassan Diab ne sont pas suffisamment probantes», avaient-ils justifié. Selon eux, il était difficile de juger la «fiabilité» des renseignements ayant permis de le désigner comme poseur de la bombe et il semblait «vraisemblable» qu’il était au Liban au moment des faits. Sitôt libéré, Hassan Diab avait traversé l’Atlantique pour retourner au Canada.
Pourquoi l'accusé peut-il manquer son procès ?
Alors que le parquet avait fait appel, la chambre de l’instruction avait infirmé le non-lieu, suite à une expertise graphologique entre l’écriture de l’accusé et celle de l’homme qui avait acheté la moto garée devant la synagogue. Elle avait indiqué que l’ensemble des éléments du dossier «constituent des charges suffisantes contre l’intéressé d’avoir commis les faits qui lui sont reprochés». Un renvoi aux assises avait donc été décidé puis validé malgré plusieurs recours de l’accusé.
Reste qu'Hassan Diab se trouve toujours au Canada. Il a fait savoir qu’il ne se présenterait pas au procès. Il sera donc jugé sous la procédure du «défaut criminel», qui a remplacé la contumace. N’étant pas incarcéré, il n’est pour le moment visé par aucun mandat d’arrêt et n’est pas extradable. La cour pourrait délivrer un mandat d’arrêt pour s’assurer de sa présence, mais cela décalerait le procès à une période très lointaine, ce que parties civiles et parquet national antiterroriste, qui porte l’accusation, ne semblent pas vouloir.
Le procès de l'attentat de la rue Copernic doit durer jusqu'au vendredi 21 avril.