L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy comparaît à nouveau face à la justice, à partir de ce lundi 5 décembre à Paris, dans le cadre de son procès en appel pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des «écoutes».
Un procès en appel qui fait suite à une lourde condamnation en première instance. Nicolas Sarkozy, ex-président de la République est arrivé ce lundi après-midi au palais de la justice à Paris, afin de comparaître une nouvelle fois pour son procès en appel pour «corruption et trafic d’influence» dans l’affaire des «écoutes». L'avocat Thierry Herzog et l’ex-magistrat Gilbert Azibert étaient également présents.
«Quand on est innocent, on est indigné. Je viens ici défendre mon honneur qui a été bafoué dans des conditions invraisemblables. Je viens convaincre la cour que je n'ai rien fait», a-t-il déclaré d'une voix forte, dans une salle d'audience bondée. «Je suis ancien président de la République, je n'ai jamais corrompu qui que ce soit et admettons que c'est une corruption étrange, sans argent, pas un centime pour personne, sans avantage, pas un avantage pour personne et sans victime, puisque personne n'a été lésé», a-t-il ajouté.
Le 1er mars 2021, il avait été condamné à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme avec comme aménagement de peine une assignation à résidence sous bracelet électronique. Dénonçant des «infamies», l’ancien président était ainsi devenu le premier chef de l'Etat de la Ve République condamné à de la prison ferme.
Une peine équivalente avait été prononcée à l’encontre de ses deux coprévenus, assortie pour Thierry Herzog, 67 ans, d'une interdiction d'exercer pendant cinq ans. Tous les trois ont fait appel, suspendant ces sanctions.
Tout avait commencé à la suite d’interceptions d’écoutes téléphoniques de conversations entre Nicolas Sarkozy et l’avocat début 2014. A l'époque, les deux téléphones de l'ex-homme fort de la droite ont été «branchés» par les juges chargés de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007, qui lui valent aujourd'hui une quadruple mise en examen.
L’affaire Bettencourt
C’est une troisième ligne mise en service le 11 janvier 2014 qui va intéresser les enquêteurs. En effet, surnommée «Paul Bismuth» du nom d'une connaissance de lycée de Thierry Herzog, cette ligne est dédiée aux échanges entre l'ex-président et son avocat et ami.
Au fil de conversations, selon l'accusation, un pacte de corruption aurait été noué avec Gilbert Azibert, avocat général à la Cour de cassation, qui aurait usé de son influence auprès de conseillers participant aux délibérations, contre la promesse d'une intervention pour un poste prestigieux à Monaco. Il est accusé aujourd’hui d'avoir œuvré en coulisses pour peser sur une décision qui intéressait au plus haut point l'ancien chef de l'Etat.
En effet, il s’agit ici de l’affaire Bettencourt, dont la justice reproche à Nicolas Sarkozy d’avoir voulu obtenir des informations confidentielles. A l'époque, la Cour de cassation était saisie d'un pourvoi de Nicolas Sarkozy, qui voulait faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels dans le cadre de l'enquête pour abus de faiblesse sur l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt.
Relevant de «fantasmes» d’après la défense de l'ancien président, le tribunal correctionnel a considéré que le pacte de corruption ressortait d'un «faisceau d'indices graves, précis et concordants». Selon la loi, il n'est pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, ni que l'influence soit réelle pour caractériser les délits de corruption et de trafic d'influence.
Néanmoins, un autre procès en appel attend aussi Nicolas Sarkozy en novembre et décembre 2023, s’agissant de l'affaire Bygmalion, dans laquelle il a été condamné en septembre 2021 à un an de prison ferme.