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Strasbourg : un homme meurt aux urgences après 12 heures sans prise en charge

L'homme est décédé d'une hémorragie digestive le jeudi 17 mars. Les urgentistes mettent en avant le manque de lits et les conditions de travail dégradées. [PATRICK HERTZOG / AFP]

Jeudi 17 mars, un homme est décédé à l'hôpital de Strasbourg (Bas-Rhin) après avoir attendu plus de douze heures aux urgences, sans prise en charge. Le personnel soignant dénonce des conditions de travail dégradées et le manque de lits.

C'est un drame qui aurait dû être évité, si l'on en croit les urgentistes.

Ce patient était arrivé au CHRU de Strasbourg dans la soirée du mercredi 16 mars. Il souffrait d'une hémorragie digestive, une pathologie qui aurait pu être prise en charge à temps.

«C'est quelque chose qu'on sait très bien soigner. Mais indéniablement, à force de retarder le début des soins à cause d'un manque de lits disponibles, cela crée une perte de chance pour le patient», déplore Sébastien Harscoat, praticien hospitalier au service des urgences.

 Jeudi, après ce tragique événement, le personnel soignant dénonçait le manque de lits d'hospitalisation et l'encombrement des urgences.

«Malgré nos alertes, rien ne se passe»

Le CHRU a fait savoir que le décès avait été déclaré en «événement indésirable grave» et a annoncé l'ouverture d'une enquête administrative. Mais il fait état d'une «disponibilité de lits en médecine, soins critiques et chirurgie» pour cette soirée du 16 mars. 

Sébastien Harscoat maintient que les services «étaient au-delà de nos capacités, si tant est qu'il y avait quelques lits disponibles, il n'y en avait pas suffisamment, même le lendemain matin c'était encore compliqué d'admettre des patients». Avant de souligner que l'hôpital «en arrive à un point où on est constamment engorgés. On ne peut plus accueillir, et malgré nos alertes, rien ne se passe».

Une attente de plus de vingt heures

Christian Prudhomme, secrétaire général du syndicat Force ouvrière aux (Hôpitaux universitaires de Strasbourg) HUS, estime que cet encombrement des urgences est devenu une norme. «Aujourd'hui, on a encore eu 14 patients restés plus de vingt heures sur un brancard. Mardi, nous avions jusqu'à 10 ambulances qui ne pouvaient pas déposer leur patient, c'est catastrophique. On en est réduit à envoyer des secouristes à la place des pompiers professionnels, parce que les pompiers restent coincés chez nous».

Le responsable syndical réclame l'ouverture d'une enquête par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). Depuis décembre, des centaines de soignants du CHRU de Strasbourg ont observé à plusieurs reprises des minutes de silence pour dénoncer «la mort annoncée de l'hôpital public». En novembre dernier, le personnel soignant du CHU de Rennes avait également manifesté pour plus d'effectifs et de matériels.

Lundi, un homme mort à Orléans

Cette affaire fait écho à une autre tragédie. Ce lundi 28 mars, un patient est décédé dans des circonstances similaires à Orléans (Loiret). Selon des membres du personnel, la faute imputerait à un fonctionnement anormal des urgences, où la quasi-totalité du personnel infirmier est en arrêt maladie.

Dans un communiqué publié mardi 29 mars, le syndicat Sud santé sociaux Loiret affirme «qu'il est recencé 55 arrêts maladie et la prévision est de 90 % de l'équipe». De fait, le CHR Orléans a pris la décision d'activer le plan blanc.

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