En mai 2017, deux pêcheurs avaient porté secours à une femme, accrochée à une annexe de bateau dans les eaux froides du golfe du Morbihan. Elle avait été jetée à la mer par son compagnon qui, assistant au sauvetage, avait demandé aux deux hommes de ne pas aider la victime. Ce jeudi 6 janvier, il a été condamné à dix-huit mois de prison, dont six ferme.
Aujourd'hui âgé de 44 ans, le prévenu a comparu devant le tribunal correctionnel de Vannes pour violences conjugales. La victime, elle, n'était pas présente puisque décédée en août 2019, à 48 ans. Lors de l'audience, relatée par le Télégramme, le conjoint violent a décrit une relation toxique, gangrénée par la consommation excessive d'alcool.
A l'époque, les deux protagonistes étaient en couple depuis dix-huit mois et vivaient de manière plutôt marginale, sur un voilier. Le 16 mai 2017, leur bateau mouillait à l'Ile-aux-Moines lorsqu'une dispute a éclaté. Le prévenu raconte avoir surpris sa compagne, décrite comme instable, qui jetait certains de ses effets personnels et du matériel de navigation par-dessus bord.
Alors qu'il plongeait pour tenter de récupérer ces objets, la victime avait démarré le moteur du voilier pour s'enfuir. Reconnaissant avoir «pété les plombs», ce quadragénaire avait réussi à remonter sur le bateau et jeté sa compagne à l'eau. Tous deux avaient été interpellés quelques heures après l'intervention des deux pêcheurs. La femme et l'homme affichaient respectivement un taux d'alcoolémie de 1,35 g et 0,48g d'alcool par litre de sang.
les expertises médicales confirment les coups
A la barre, le prévenu a tenté de justifier les traces relevées sur le corps de sa compagne par «un coup de bôme» (barre rigide en bas du mât d'un bateau sur laquelle est fixée la partie inférieure de la grand-voile, ndlr) reçu lors d'un virement de bord.
Une version contredite par le témoignage de la victime et les expertises médicales ayant souligné des hématomes récents sur les bras, de multiples contusions, des entorses cervicales et des entailles au cou. Déjà condamné pour violences conjugales lors d'une précédente relation, le prévenu avait également violenté la victime lors d'une altercation sur l'Ile d'Arz en 2016. A ce moment-là, sa compagne avait brandi un couteau pour se défendre.
Si l'alcool a été identifié comme «l'élément déclencheur» par le procureur, Sylvain Darchy a néanmoins estimé que «l'expertise médicale et les témoignages des deux sauveteurs ne laissent planer aucun doute sur la violence du prévenu». Ce dernier a été autorisé à purger sa peine ferme sous bracelet électronique, sa condamnation est assortie d'un sursis de douze mois.