Les enquêteurs viennent de démanteler un réseau d'arnaque au chômage partiel en arrêtant trois personnes qui utilisaient huit sociétés fantômes pour récupérer les indemnités indues.
Avec des sociétés en sommeil ou des gérants complaisants, les suspects avaient bâti un système d'arnaque via plusieurs entreprises. Et ils avaient, en quelques mois, depuis la mise en place du chômage partiel avec le premier confinement, détourné 2,4 millions d'euros sur les 3,4 millions qu'ils avaient demandé au titre des différentes structures.
C'est suite aux soupçons de Trafin, la cellule du ministère de l'Economie chargée de lutter contre le blanchiment, que les enquêteurs de la division de lutte contre la criminalité financière de la DZPJ de Lyon ont entamé des investigations en août dernier sur une société de la région de Saint-Etienne. L'entreprise déclarait employer 49 personnes payées environ 4 000 euros par mois et avait perçu 400 000 euros au titre de l'indemnité pour chômage partiel. Les policiers ont découvert que la structure, créée en 2019, ne comptait en fait aucun salarié mais que ses comptes bancaires brassaient des flux d'argent importants.
Vaste montage frauduleux
Des investigations qui ont mené les limiers de la PJ de Lyon à un vaste montage frauduleux. Sous l'autorité de la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée), ils ont démasqué sept autres sociétés qui affichaient une activité dans l'automobile, l'énergie renouvelable ou encore le bâtiment et qui ont permis aux trois suspects interpellés mardi conjointement avec la PJ de Marseille, de percevoir les sommes indues via deux filons : le chômage partiel et le fonds de solidarité Covid. 1,4 millions d'euros ont été saisis sur les comptes au titre des avoirs criminels.
Les enquêteurs ont aussi acquis la conviction que le trio blanchissait l'argent via des faux contrats et des fausses factures avec des entreprises en France et à l'étranger.
«Ils ont surfé sur la faille économique du moment avec la crise sanitaire», explique à CNEWS la Commissaire divisionnaire Judicaële Ruby, chef de la section économique et financière de la PJ de Lyon. «Et ils risquent de ne pas être les seuls. Nous aurons à faire face à d'autres escroqueries aux différentes aides mises en place par l'Etat depuis le début de la pandémie.»
Les trois individus, âgés de 35 à 50 ans, ont été mis en examen aujourd'hui pour escroquerie en bande organisée et blanchiment. Ils étaient connus de la police et de la justice pour des affaires d'escroquerie.