Ingénieur aéronautique, pilote de ligne, sportif accompli, polyglotte... Thomas Pesquet, qui s'apprête à rentrer sur Terre, cumule des compétences multiples qui lui ont permis de devenir astronaute européen et d'effectuer avec efficacité sa première mission dans l'espace.
Après un séjour de près de six mois et demi dans la Station spatiale internationale (ISS), le Français de 39 ans et son collègue russe Oleg Novitski prendront place vendredi dans un vaisseau Soyouz qui atterrira environ 3h20 plus tard dans les steppes du Kazakhstan. D'ores et déjà, le Cnes, l'agence spatiale française, se dit «absolument ravi» de la façon dont Thomas Pesquet a mené sa mission : il a montré «son professionnalisme, ses compétences techniques et son très grand charisme», selon son président Jean-Yves Le Gall.
«Thomas est très performant, très agile intellectuellement et physiquement. De plus il s'entend bien avec tout le monde», ajoute l'astronaute français Jean-François Clervoy. Une qualité précieuse dans l'espace confiné de l'ISS où cohabitent des astronautes de nationalités différentes. Il a eu aussi à coeur de partager son expérience avec le public, notamment les enfants, via les réseaux sociaux, en postant de nombreuses photos. «C'était sur son temps libre», souligne Jean-François Clervoy en réponse à ceux qui trouvent que l'astronaute en a trop fait sur le plan de la communication.
Le premier vol de Thomas Pesquet dans l'espace est le couronnement de plus de sept ans d'entraînement. C'est en mai 2009 que le Normand est sélectionné pour rentrer dans le corps des astronautes européens. Sur 8.413 candidats, l'Agence spatiale européenne (ESA) n'en a retenu que six dont Thomas Pesquet, le dernier à voler.
Beau garçon, l'astronaute aux yeux clairs et aux cheveux châtain, qui mesure 1 m 83, est un sportif accompli: judo, basket, plongée, parachutisme, alpinisme... Outre l'anglais, l'espagnol et l'allemand, il a appris très sérieusement le russe - indispensable pour le vol en Soyouz dont il est copilote. Il a aussi commencé le chinois au cas où il serait appelé à monter un jour dans une fusée chinoise.
Avec toutes ces cordes à son arc, l'astronaute parvient à rester modeste et accessible. Né à Rouen le 27 février 1978, Thomas Pesquet raconte qu'enfant, il était «fan d'espace, de manière assez naïve comme beaucoup de petits garçons».
«Cocher toutes les cases»
«Inconsciemment», au fil des années, Thomas Pesquet s'est bâti un profil complet d'astronaute par ses choix successifs. Au point qu'au moment de la sélection, «j'ai pu cocher toutes les cases», avait-il expliqué à l'AFP avant son vol.
L'astronaute souligne qu'il a eu la chance d'avoir «une enfance extrêmement stable» en Normandie. Un père prof de maths et de physique, une mère institutrice, un frère aîné passionné d'informatique : Thomas Pesquet est bon élève. Après une classe préparatoire scientifique, il fait «Supaéro», prestigieuse école d'ingénieurs spécialisée dans l'aéronautique et l'espace à Toulouse.
Il débute comme ingénieur en Espagne puis travaille pour le Cnes (Centre national d'Etudes spatiales) de 2002 à 2004. Parallèlement il apprend à faire voler des avions. Formé par la compagnie Air France, il obtient sa licence de pilote de ligne en 2006 puis devient instructeur sur Airbus A320. En 2008, l'ESA, qui n'avait pas sélectionné d'astronautes depuis des années, ouvre un nouveau recrutement. Il a 30 ans et est choisi.
Commence alors un long entraînement. En mars 2014, Thomas Pesquet est affecté à une mission de six mois dans l'ISS. La station est internationale : Thomas Pesquet passe de Cologne (où se trouve le Centre européen des astronautes) à Moscou et Houston, avec des crochets par le Canada et le Japon.
Il parvient à sauvegarder quelques précieux moments pour voir sa compagne Anne Mottet, qui travaille à Rome pour les Nations unies. Elle a réussi à lui faire parvenir son saxophone pour son anniversaire à la faveur d'un ravitaillement fin février. Elle sera à Cologne pour l'accueillir dans la nuit de vendredi à samedi.