Après sept ans d'entraînement, le spationaute français Thomas Pesquet décollera dans la nuit de jeudi à vendredi de Baïkonour vers la Station spatiale internationale (ISS) avec ses deux coéquipiers, le commandant de bord russe Oleg Novitsky et l'Américaine Peggy Whitson.
Ni la neige qui a recouvert le cosmodrome kazakh de Baïkonour, d'où la Russie est désormais la seule à pouvoir envoyer des hommes sur l'ISS, ni les températures glaciales ne devraient empêcher les 310 tonnes du lanceur Soyouz de s'arracher du pas de tir, comme prévu, à 02h20 heure locale vendredi, 21h20 en France. La Russie a la réputation d'effectuer ses lancements par tous les temps, et Thomas Pesquet deviendra le dixième Français à s'envoler dans l'espace, le premier depuis 2008. Pour l'ancien pilote de ligne, âgé de 38 ans, débutera une mission de 186 jours nommée «Proxima», essentiellement dédiée à la recherche scientifique.
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A bord de l'ISS, Thomas Pesquet étudiera ainsi l'impact de l'apesanteur sur la musculature, dont les résultats pourraient aider à soigner les myopathies. Il essaiera aussi des technologies susceptibles de révolutionner la purification de l'eau ou des matières autonettoyantes utilisables à terme dans les hôpitaux...
Pas moins de 62 expériences au total pour le compte de l'ESA ou du CNES, l'agence spatiale française. Sans compter les 55 autres expériences menées en coopération avec les agences américaine, canadienne et japonaise. Pour une de ces expériences, le Français a même dû subir un prélèvement d'un petit morceau du mollet qui pourra ainsi être comparé avec les muscles du Français après son séjour dans l'espace.
Voyage de 48 heures
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Mais la vie dans l'ISS aura aussi ses bons côtés. «On aura de la nourriture de chef étoilé avec nous», a souri Thomas Pesquet lors de sa dernière conférence de presse avant le départ, mercredi, en référence aux langues de boeuf au foie gras truffé, aux suprêmes de volaille aux morilles et aux magrets de canard confits préparés par les chefs Alain Ducasse et Thierry Marx pour les fêtes de fin d'année et conditionnés pour être mangés en apesanteur.
Mais il faudra d'abord arriver sur l'ISS. Presque neuf minutes après le décollage du mythique lanceur russe, aux 1.700 lancements réussis depuis les années 1960, la capsule Soyouz MS-03 dans laquelle seront confinés les trois astronautes se séparera du troisième étage de la fusée pour se placer en orbite à 200 km au-dessus de la Terre.
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Le Soyouz déploiera alors ses antennes solaires et l'équipage entamera un voyage de plus de 48 heures dans ce minuscule module de seulement 2,5 mètres de long. La mission, pour les trois astronautes, sera de se mettre à la même altitude que la Station spatiale internationale, qui tourne à 28.000 km/h à 400 km au-dessus du globe terrestre. «Mon collègue Andreas (Mogensen, ndlr), qui a déjà fait ce voyage, m'a dit que c'étaient les 48 heures les plus longues de sa vie», a témoigné Thomas Pesquet. L'amarrage de la capsule Soyouz avec le vaisseau orbital est prévu samedi 19 novembre à 23h.
Dans cet immense vaisseau de 400 tonnes, ils seront accueillis par l'astronaute américain Shane Kimbrough et les cosmonautes russes Sergueï Ryjikov et Andreï Borissenko, arrivés le 19 octobre. Face à ses coéquipiers, Thomas Pesquet fait figure de petit jeune. Peggy Whitson, 56 ans, est la femme qui a passé le plus de temps dans l'espace, avec déjà deux séjours sur l'ISS à son actif.
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Oleg Novitsky, qui pilotera le Soyouz, a lui aussi l'expérience de l'espace. A 45 ans, cet ancien pilote de l'armée de l'air russe, qui vient de devenir père, a passé cinq mois sur l'ISS en 2012 et 2013.
«Etrangement normal»
Comme chaque nouvel astronaute décollant de Baïkonour, Thomas Pesquet a planté un arbre la semaine dernière dans l'allée des Héros, un parc aménagé à l'arrière de l'hôtel où son hébergés les astronautes. Et l'équipage a regardé mercredi soir «Le Soleil blanc du désert», un classique du cinéma soviétique que chaque équipage a pour tradition de visionner la veille du départ.
A 24 heures du décollage, le Français assurait que tout lui semblait «étrangement normal». «Je ne réalise pas encore. Il va falloir attendre de s'asseoir dans la fusée et de sentir les vibrations du décollage».