Les cigognes migrent de moins en moins en direction de l'Afrique subsaharienne pour hiverner, en faveur de l'Europe, qui connaît des hausses de températures sans précédent.
Face au réchauffement climatique, les espèces animales changent leur comportement. Depuis plusieurs années, la ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a constaté un nombre grandissant de cigognes préférant l'Europe à l'Afrique subsaharienne pour hiverner.
Nicolas Gendre, responsable de plusieurs programmes «Avifaune» pour la LPO, a témoigné de son inquiétude dans les colonnes du Parisien.
«En Charente-Maritime, au début des années 1990, nous comptabilisions une seule cigogne hivernante. Les années 2000 ont marqué un tournant, comme partout ailleurs en France. Nous comptons désormais 130 individus hivernants», a expliqué le spécialiste.
Des températures de plus en plus douces
La principale raison de cet abandon grandissant des migrations vers l'Afrique reste la hausse des températures en Europe, que l'on peut aisément quantifier en France.
Cette année 2022, qui s'est achevée il y a quelques jours, a été la plus chaude, et l'une des moins pluvieuses, jamais enregistrée dans l'Hexagone depuis 1900.
Nicolas Gendre a alerté sur ce changement significatif, qui pour lui n'est pas une nouveauté. «Nous sommes même en retard par rapport à l’Espagne où les cigognes ont commencé à hiverner avec une bonne décennie d’avance par rapport à la France», a précisé le spécialiste.
Pire encore, la LPO a pu dresser une tendance, même si tous les chiffres de l'année ne sont pas encore remontés. 2022 est l'année où le moins de cigogneaux ont migré. C'est «la plus mauvaise année enregistrée en Charente-Maritime pour les jeunes», a précisé Nicolas Gendre, prenant ce département comme témoin, connu pour être un lieu de passage des oiseaux migrateurs, avant de rejoindre le sud de l'Europe et l'Afrique.