Le 12 décembre 2015, lors de la COP21, les accords de Paris étaient signés. Entrés en vigueur le 4 novembre 2016, certains de ces engagements ne sont toujours pas respectés. Avant le début de cette COP27, qui démarre ce dimanche en Égypte, Sandrine Maljean-Dubois, directrice de recherche au CNRS, est revenue pour CNEWS sur ce qui reste à accomplir.
Peut mieux faire. Le 12 décembre 2015, un accord historique sur le climat était signé à Paris par 195 pays lors de la COP21. Sept ans après, et alors que s'ouvre ce dimanche la COP27 en Egypte, de nombreux scientifiques, à l'instar de Sandrine Maljean-Dubois, directrice de recherche au CNRS au sein du Centre d'études et de recherches internationales et communautaires, encouragent les dirigeants à agir davantage.
Depuis 2015, l’échec de la communauté internationale à remplir les objectifs de la COP21 de Paris, soit contenir, d’ici à 2100, le réchauffement climatique bien en dessous des 2 °C, et idéalement le limiter à 1,5 °C est en effet globalement une réalité. Cela alors même que, selon l’Organisation météorologique mondiale, la planète s’oriente plutôt vers un réchauffement de 2,5 °C à 3 °C.
Quels sont les enjeux de cette COP27 ?
Le premier enjeu est celui du relèvement de l’ambition des contributions nationales des États et leurs «plans» climat. La COP26 de Glasgow a rappelé l’importance de limiter l’augmentation à 1,5 °C, un objectif qui n’était qu’aspirationnel dans l’accord de Paris, et la nécessité d’adopter des mesures rapides, profondes et durables. Elle a précisé sans ambiguïté qu’il faut réduire les émissions mondiales de dioxyde de carbone de 45 % d'ici à 2030 par rapport au niveau de 2010, en les ramenant à zéro vers le milieu du siècle, ainsi qu'en réduisant fortement les autres gaz à effet de serre. Or, c’est une hausse de 5 à 10 % d’ici à 2030 qui est attendue en application des plans actuels.
Reconnaissant l’urgence, la COP26 avait lancé un appel à une nouvelle révision à la hausse des contributions nationales dès l’année prochaine, au lieu d’attendre 2024. Au 23 septembre 2022, qui était la date limite fixée pour cette révision, seuls vingt-quatre pays l’avaient fait. La COP27 doit donc être l’occasion de booster un peu les États de ce point de vue.
Les engagements évoqués lors de l’accord de Paris sont-ils respectés ?
Les engagements à court terme sont dans l’ensemble respectés. Le principal problème est qu’ils sont insuffisants pour nous placer sur la trajectoire dessinée par l’Accord de Paris. Les plans à long terme des États prévoyant une neutralité carbone à 2040, 2050, 2060… sont encourageants, mais les objectifs que se donnent les États à court et moyen terme sont complètement incohérents avec ces engagements ambitieux. Il faudrait donc réconcilier tout ça.
Quand l’engagement des 100 milliards de dollars alloués pour les pays en développement sera-t-il réalisé ?
On attend ici le résultat d’une évaluation du comité sur les finances de la COP. Mais a priori, cet engagement pourrait être atteint en 2023 ou 2024. Avec retard, donc. Cela témoigne d’une forte hausse des sommes allouées, même si elle est sont loin d’être suffisantes pour faire face aux besoins, sans cesse croissants. Le non-respect de l’engagement et les réticences des pays du Nord à s’engager plus avant, y compris sur les pertes et dommages, fragilisent dangereusement l’équilibre Nord-Sud des négociations.
Doit-on s’attendre à des négociations musclées entre Nord et Sud ?
Comme l’a indiqué récemment le Programme des Nations unies pour l’environnement, la fenêtre d’action pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris est en train de se refermer.
La COP égyptienne sera donc l’occasion de discussions qu’on peut anticiper comme conflictuelles à très conflictuelles entre pays du Nord et du Sud sur la question des financements.
Les pays du Nord ont en effet déçu les pays du Sud sur la question des financements en général et celle, plus spécifique, du financement des pertes et dommages causés par les changements climatiques.