Moins de trois jours avant l'ouverture de la COP 27 en Egypte, le 6 novembre prochain, l'Unesco a publié un rapport annonçant la disparition d'un tiers des glaciers classés au patrimoine mondial d'ici à 2050.
Un autre effet visible du changement climatique. Jeudi 3 novembre, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a publié un rapport sur l’état des glaciers classés appartenant au patrimoine mondial de l’humanité. Et le constat n'est pas bon : près d'un tiers des glaciers vont disparaître d'ici à 2050, et ce «quel que soit le scénario climatique».
Parmi ceux qui sont en péril, figurent d'emblématiques étendues de glace telles que les Dolomites en Italie, les parcs de Yosemite et de Yellowstone aux États-Unis, le mont Kilimandjaro en Afrique ou le Mont-Perdu dans les Pyrénées.
L'étude porte sur 18.600 glaciers de 66.000 km2 au total, répartis sur 50 sites du patrimoine mondial, soit 10% de la surface glaciaire totale de la Terre, précise l'Unesco. Sur un tiers de ces sites, les glaciers vont complètement disparaître. Les autres «pourraient être sauvés si nous limitions le réchauffement climatique à 1,5 degré», par une réduction «drastique» des émissions de gaz à effet de serre, prévient l'organisation.
Les glaciers du patrimoine mondial fondent à raison de 58 milliards de tonnes de glace chaque année, soit le volume d'eau utilisé annuellement par la France et l'Espagne, contribuant à 5% de l'élévation mondiale du niveau de la mer, selon le rapport. La vitesse du recul des glaciers «inquiète», d'autant plus que «la fonte s'accélère», a détaillé Tales Carvalho Resende, co-auteur de l'étude.
Selon le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) paru au printemps, la fonte des glaces et des neiges est l'une des dix menaces majeures causées par le réchauffement climatique.
17 sites n'existeront plus d'ici à 2050
Les glaciers des sites classés au patrimoine mondial ne sont qu'un échantillon représentatif de «tous les types de glaciers» du monde.
Selon ce rapport, l'ensemble des glaciers classés en Afrique vont disparaître d'ici à 2050, notamment ceux du Parc national du Kilimandjaro, en Tanzanie, ou du Mont Kenya. En Europe, les glaciers des Pyrénées-Mont Perdu en France et en Espagne devraient disparaître, au même titre que ceux des Dolomites en Italie, du haut lieu tectonique suisse Sardona et des parcs nationaux du Yellowstone et de Yosemite aux Etats-Unis. Enfin, trois sites classés en Russie vont également voir leurs glaciers fondre entièrement. Au total, ce sont 17 sites classés au patrimoine mondial qui n'existeront plus d'ici à 2050.
D'ailleurs, les glaciers des aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan en Chine ont déjà vu leur volume divisé par plus de deux, et fondent actuellement le plus rapidement parmi les sites classés.
Vers une prise de conscience des effets du changement climatique
Si les émissions de gaz à effet de serre restaient à leur niveau actuel, «environ 50% des glaciers du patrimoine mondial pourraient presque entièrement disparaître d'ici 2100», s'alarme l'Unesco. Et l'impact sera «environnemental, sur la biodiversité et sur les ressources d'eau», souligne Tales Carvalho Resende, sans «oublier que ces glaciers ont également une importance culturelle pour les communautés locales».
Cette fonte des glaciers expose d'ailleurs «des millions de personnes» au «manque d'eau et au risque accru de catastrophes naturelles», renchérit Bruno Oberle, directeur général de l'UICN, dans le communiqué.
En insistant sur les glaciers les plus connus, l'Unesco espère provoquer une «une prise de conscience» plus forte pour des engagements «plus ambitieux», selon le co-auteur de l'étude. Au-delà d'un appel à une réduction des émissions, l'Unesco demande la création d'un «fonds international pour la surveillance et la préservation des glaciers». Car «il y a toujours un manque de données assez important».
Enfin, l'Unesco appelle à «rapidement réduire les émissions de CO2» pour préserver les autres glaciers inscrits au patrimoine mondial. Toutefois, souligne l'étude, «même si on arrête drastiquement les émissions, les glaciers vont continuer à reculer». Ainsi, il faudra de toute évidence «mettre en place des actions d’adaptation» pour faire face aux bouleversements inévitables que cela provoquera.