Après de violents orages durant le mois d’août, la Grande-Bretagne a rejeté des quantités importantes d’eaux usées dans la Manche. Une action polluante dont les conséquences sont vivement dénoncées par les élus français.
Les eaux de la discorde. Depuis le mois d’août, la Grande-Bretagne souffre d’une météo peu clémente. Entre sécheresse et violents orages, les quantités d’eaux usées à traiter sont devenues trop importantes. Rejetées dans la Manche, celles-ci ont rendu une dizaine de plage au sud du pays impropres à la baignade, comme le révèle France 3.
Jusqu’à présent, cela ne touchait que les côtes britanniques. Désormais, les conséquences de ce déversement d’eaux usées non traitées dans la mer atteignent l’Hexagone, ce qui inquiète les élus français.
«Nous craignons des conséquences négatives sur la qualité des eaux marines que nous partageons avec ce pays et incidemment sur la biodiversité marine, mais aussi sur les activités des pêcheurs et des conchyliculteurs», ont alerté Stéphanie Yon-Courtin, eurodéputé issue de LREM, et ses deux collègues Nathalie Loizeau et Pierre Karleskind. Ils demandent à la commission européenne d’agir sur ce sujet préoccupant.
Face aux déversements côté britannique d’eaux usées non traitées dans les mers européennes, une action urgente doit être menée envers le gouvernement de Sa Majesté.
Mes collègues @s_yoncourtin et @NathalieLoiseau et moi-même saisissons le Commissaire à l’environnement! pic.twitter.com/WXSRZalBAm— Pierre Karleskind (@Pierre_Ka) August 24, 2022
Ils ne sont pas les seuls à se soucier de l’état de la Manche. Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a évoqué ce vendredi 26 août «une catastrophe écologique». Inquiet, il a adressé un courrier au secrétaire d’Etat à la Mer Hervé Berville : «Les images, relayées par de nombreux médias internationaux, qui montrent des eaux usées non traitées se déverser en abondance dans la Manche et la Mer du Nord depuis les plages du Royaume-Uni ont suscité […] une grande inquiétude en raison de la pollution qui émane de ces rejets».
Le rejet d’eaux usées non traitées dans la Manche et la Mer du Nord par le Royaume-Uni est une catastrophe écologique qui ne peut plus durer !
Mon courrier à @HerveBerville pic.twitter.com/0diJmd7RFY— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) August 27, 2022
Le gouvernement souhaite réduire de 70% les rejets d'eaux usées dans la mer
Même si ce problème touche uniquement les côtes françaises pour l’instant, l’inquiétude est internationale d’après Stéphanie Yon-Courtin : «Il y a aussi nos amis belges, aux Pays-bas, le Danemark et l’Irlande qui s’inquiètent. Ce n’est pas parce qu’il y a eu le Brexit, que le gouvernement britannique doit s’éxonérer de ses obligations : la convention des Nationes-Unies sur le droit de la mer et l’Accord de commerce de coopération».
Par ailleurs, des associations avaient déjà alerté sur la situation, à l’instar de Surfers against sewage, qui a compté près de 90 plages polluées par ce problème d’eaux usées au mois d’août. Cette même association avait déjà enquêté sur le sujet et avait publié un rapport en 2021. En plus, Chris Pearsall, un photographe britannique, avait publié sur les réseaux sociaux une vidéo montrant un tuyau déversant des eaux polluées dans la mer.
Possibly the clearest view yet of sewage entering our seas courtesy of @pearsallphoto. @DrAlexFord tells me what's coming from this pipe harms human health and marine life too. It highlights a problem everyone agrees needs to stop. But how best to do that? pic.twitter.com/IoudfKpULz
— James Ingham (@jamesingham) October 25, 2021
Face à l’ampleur du problème, le gouvernement britannique se défend. Steve Double, ministre en charge de l’eau, a déclaré : «Nous sommes le premier gouvernement à prendre des mesures pour lutter contre les débordements d’eaux usées», d’après la BBC. D’ici 2035, le gouvernement souhaite réduire de 70% les rejets d’eaux usées dans la mer.
«Le plan du gouvernement exigera des compagnies des eaux qu’elles réalisent les plus gros investissements jamais consentis en matière d’infrastructures environnementales, soit 56 milliards de livres sterling sur 25 ans, dans le cadre d’un programme à long terme visant à lutter contre les rejets d’eaux usées d’ici 2050», a assuré l’ambassade de Grande-Bretagne en France dans un communiqué publié le vendredi 26 août.