Les pouvoirs publics misent sur la publicité pour sensibiliser les citoyens aux conséquences du trafic routier sur le réchauffement climatique. Afin de limiter la pollution émise par les véhicules en France, les annonceurs publicitaires vont être ainsi contraints, dès ce mardi 1er mars, de diffuser dans leurs spots des messages visant à restreindre l'utilisation des voitures, tout en indiquant leur «score carbone».
Via un arrêté pris le 29 décembre dernier, le ministère de la Transition écologique va en effet obliger à la diffusion, dans les publicités automobiles, d’un message favorisant l’utilisation du covoiturage, des transports en commun ou du vélo.
Si cette loi n’est pas respectée à compter du 1er mars 2022, les annonceurs s’exposeront à une mise en demeure puis à une amende pouvant atteindre 50.000 euros par diffusion.
Publication des décrets sur la #publicité automobile:
- affichage de messages pour le covoiturage, la marche, le vélo, les transports en commun (loi LOM)
- affichage de l'étiquette CO2 (loi climat résilience)
A partir du 1er marshttps://t.co/GtVxq3ioPZhttps://t.co/dhg2mJUI90 pic.twitter.com/GHUOHd4Dcu— Olivier DAVID (@olivierdavid_ec) December 29, 2021
Dans les faits, ce message pourra prendre trois formes différentes : «Au quotidien, prenez les transports en commun», «Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo» et «Pensez à covoiturer». Dès le 1er mars, l’un de ces trois avertissements devra également être accompagné du mot-dièse #SeDéplacerMoinsPolluer.
Le «score carbone» mentionné dans les pubs
A compter de ce mardi, chaque publicité automobile diffusée au cinéma ou à la télévision devra être accompagnée du «score carbone» du véhicule présenté, comme c’est déjà le cas dans les magazines spécialisés et les concessions automobiles.
Faisant suite à la loi Climat, cette mesure se traduira dans les faits par une étiquette similaire à celle visible sur les produits électroménagers, répertoriant les émissions de la couleur verte au rouge, sur une échelle allant de A à G.
«Il est vrai que les codes de la publicité en général jouent plutôt sur le design, la puissance et pas forcément sur les impacts environnementaux. Le but est que le critère environnemental et climatique devienne un des critères majeurs dans l'acte d'achat», a détaillé Pierre Galliot, chef de service consommation responsable de l’Agence de la transition écologique (Ademe), sur Franceinfo.
les véhicules polluants privés de pub dès 2028
«Franchement, ça participe toujours à ce même état d’esprit qui vise à stigmatiser ceux qui utilisent leur voiture en leur donnant mauvaise conscience. Ça veut dire qu’on mise sur un modèle d’écologie de la décroissance et qu’on n’a pas foi dans l’avenir», a déploré auprès de CNEWS Pierre Chasseray, délégué général et porte-parole de l’association 40 millions d’automobilistes.
Pourtant, cette initiative suit une logique souhaitée sur le plan européen puisque les publicités en France pour les véhicules les plus polluants (émettant plus de 123 grammes de CO2/km) seront interdites dès 2028 afin de préparer les utilisateurs à la fin du moteur thermique souhaitée par la Commission Européenne dès 2035. Dans cette optique, les publicitaires ont dû se plier à une demande allant dans ce sens dès 2001, en indiquant la consommation et les émissions de CO2 des véhicules présentés dans leurs réclames.
Pierre Chasseray regrette ces décisions qu'il juge «stigmatisantes», prises selon lui par «une population bobo qui a décidé de placer son curseur écologique au niveau de la restriction de la voiture. On aurait pu prendre le chauffage ou le téléphone mobile mais non, on a pris la voiture parce que ce mouvement est né des villes et dans les villes, on a moins de voitures donc on peut s’en passer».
D’après une étude publiée en avril 2021 par l’ONG écologiste WWF, les SUV, réputés plus polluants que les véhicules classiques, représentaient 42% des investissements publicitaires des marques automobiles en France.