L'Amazonie se meurt, et de plus en plus vite. En un an, entre août 2020 et juillet 2021, sa déforestation a augmenté de près de 22%, s'étendant sur 13.235 km2. Un triste record inégalé depuis 2005-2006, lorsque le phénomène avait atteint une surface de 14.286 km2. Le déboisement progresse pour la troisième année consécutive et la politique de Jair Bolsonaro est pointée du doigt.
Le président brésilien fait l'objet de critiques internationales pour avoir affaibli la surveillance du biome (écosystème) amazonien et encouragé les activités extractives dans des zones protégées. Publiés jeudi 18 novembre, les chiffres de la déforestation, enregistrés par le système de surveillance PRODES, de l'Institut national de recherche spatiale (INPE) du Brésil, sont alarmants.
Desmatamento da Amazônia é 76% maior do que em 2018 (antes do Bolsonaro) e é o maior desde 2006. Além disso, o governo escondeu esses números durante 22 dias, enquanto aconteciam a conferência de clima e a reunião do G20. Imagina o tamanho do estrago que essa gente causa ao país.
— Marcio Astrini (@MarcioAstrini) November 19, 2021
Ils représentent «un défi pour nous et nous devrons être plus fermes face aux délits environnementaux», a lancé Joaquim Leite, le ministre brésilien de l'environnement, avant de minimiser, assurant que ces données «ne reflètent pas exactement la réalité des derniers mois». Une position démentie par le rapport de l'INPE qui, dans le détail, indique que la déforestation en Amazonie a atteint 877 km2 pour le seul mois d'octobre. Soit la plus grande surface perdue enregistrée à cette époque de l'année depuis cinq ans.
Le déboisement de la plus grande forêt tropicale du monde est notamment attribué aux activités minières illégales et à l'élevage de bétail. Mais, récemment, le gouvernement brésilien a assuré avoir intensifié ses efforts pour lutter contre ce phénomène illégal, notamment en renforçant depuis trois mois la présence militaire dans les zones les plus touchées. Pourtant, depuis trois ans, la déforestation de l'Amazonie brésilienne a atteint une moyenne annuelle d'environ 10.000 km2, la superficie du Liban, contre quelque 6.500 km2 lors de la décennie précédente.
Des données dissimulées ?
A son arrivée au pouvoir, en 2019, Jair Bolsonaro, soutenu par le puissant lobby de l'agronégoce, avait affiché son intention d'ouvrir les terres protégées et les réserves indigènes à l'agriculture et à l'extraction minière. Dans un communiqué, le secrétaire exécutif de l'Observatoire du climat, Marcio Astrini, dénonce aujourd'hui «un effort persistant, planifié et continu pour détruire les politiques de protection de l'environnement» de la part du président d'extrême droite.
L'Observatoire, qui regroupe les principales ONG et instituts environnementaux actifs au Brésil, dont le WWF et Greenpeace, accuse par ailleurs le gouvernement brésilien d'avoir dissimulé ces données jusqu'après la COP26. Le document publié par l'INPE ce jeudi 18 novembre est en effet daté du 27 octobre 2021. Sachant que l'instance est liée au ministère brésilien des Sciences, de la Technologie et de l'Innovation.
De son côté, le ministre de l'Environnement se défend : «L'information que j'ai est qu'il a été divulgué aujourd'hui». Revenant sur l'engagement pris par le Brésil lors de la COP26, qui consiste à avancer de deux ans, de 2030 à 2028, la date limite pour éliminer la déforestation illégale sur son territoire, Joaquim Leite a promis d'être «plus ferme pour inverser les chiffres et atteindre l'objectif qui a été annoncé».