Après des années de négociations, un consensus a été trouvé vendredi entre les 25 membres de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) lors de sa réunion annuelle à Hobart, en Tasmanie.
Présenté par les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande, le projet porte sur la création d'une zone protégée en mer de Ross, une immense baie côté Pacifique. Elle s'étendra sur une superficie de plus de 1,55 million de kilomètres carrés, soit une aire plus vaste que la France, l'Italie, le Benelux, l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche réunis. Au total, 1,12 million de kilomètres carrés seront interdits à la pêche, selon le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères Murray McCully.
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«Notre proposition impliquait certaines modifications pour obtenir le soutien unanime des 25 membres de la CCAMLR et l'accord final est un compromis entre la protection marine, la pêche durable et les intérêts scientifiques», a-t-il expliqué. «Les frontières de l'aire marine protégée (AMP) restent cependant inchangées», a-t-il ajouté. L'accord est valable 35 ans.
«Le dernier océan»
La mer de Ross est parfois surnommée «le dernier océan» car considérée comme le dernier écosystème marin intact de la planète, c'est-à-dire non touché par la pollution, la surpêche ou les espèces invasives. La puissante organisation américaine de lobbying Pew Charitable Trusts a estimé dans un communiqué que la CCAMLR, qui rassemble 24 pays et l'Union européenne, avait «écrit l'histoire».
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La CCAMLR, établie en 1982 par une convention internationale, achopait depuis 2011 sur plusieurs projets de gigantesques aires marines protégées. Mais elle avait entamé le 17 octobre sa réunion annuelle avec de grands espoirs pour la mer de Ross. D'une part parce que Pékin s'était finalement rallié en 2015 à ce projet de sanctuaire. D'autre part parce qu'un élan avait été donné par le président américain Barack Obama quand il avait annoncé fin août le quadruplement de la superficie de la réserve marine connue sous le nom de Papahanaumokuakea à Hawaï, en faisant -alors- la plus grande au monde. Restait à convaincre la Russie, réticente notamment face aux restrictions de pêche.
D'autres projets dans les tuyaux
«Nous avons beaucoup discuté avec eux», a déclaré le chef de la délégation américaine à Hobart, Evan Bloom, soulignant la mobilisation du secrétaire d'Etat américain John Kerry auprès du président russe Vladimir Poutine et du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Moscou a récemment montré un intérêt renforcé pour l'environnement, en proclamant 2017 «année de l'écologie en Russie», et en agrandissant son AMP de l'archipel François-Joseph, dans l'Arctique.
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La CCAMLR n'est cependant pas parvenue à trouver un consensus sur le deuxième projet majeur d'AMP qui était au menu des discussions. Porté par la France et l'Australie, il couvre un million de km2 dans l'est de l'Antarctique. Un troisième projet d'inspiration allemande concernant la mer de Weddell est également dans les tuyaux.