Finis les discours des chefs d'Etat. Les délégations de 195 pays entament mardi leurs tractations à la conférence mondiale de Paris sur le climat en vue d'un accord pour limiter le réchauffement, encore loin d'être acquis.
Avant de regagner Washington, le président américain Barack Obama donnera une conférence de presse dans un contexte international marqué par une série d'attentats jihadistes et une extrême tension entre Ankara et Moscou.
De son côté, le président français François Hollande assistera à 07H30 GMT à un mini-sommet avec une douzaine de chefs d'Etat africains sur le thème «Défi climatique et solutions africaines».
Au Bourget, après l'élan donné lundi par quelque 150 chefs d'Etat, les négociateurs reprennent la main à partir de 09H00 GMT. «Cela va être difficile (...). Le projet d'accord est long et a beaucoup d'options. A quelle vitesse les négociations vont-elles avancer ?», s'interroge un délégué européen. Une allusion à des débats ayant la fâcheuse tendance à s'embourber, comme l'ont montré les rounds de préparation de la conférence tout au long de 2015.
«Tout est possible»
«Tout est ouvert, tout est possible, le pire comme le meilleur», a estimé lundi soir Célia Gautier, experte en politiques climatiques auprès du Climate action network (900 ONG). «Les discours ont créé une dynamique intéressante, mais il va falloir beaucoup de travail pour parvenir à un accord à la hauteur des enjeux», a-t-elle ajouté.
Quelque 150 chefs d'Etat réunis lundi au Bourget ont multiplié les appels à agir contre le réchauffement planétaire, de l'Américain Barack Obama au Chinois Xi Jinping en passant par l'Indien Narendra Modi. Signe d'une prise de conscience sans précédent: jamais autant de dirigeants mondiaux n'avaient participé à une conférence sur le climat.
«Il s'agit de décider ici, à Paris, de l'avenir même de la planète», a lancé à ses homologues le chef de l'Etat français François Hollande, dont le pays préside la COP21. Les ONG ont salué l'impulsion politique donnée par les leaders du monde entier mais attendent de voir «comment cela se traduira dans les négociations».
Sur la table, un texte d'une cinquantaine de pages, divisé en grands chapitres : objectif de long terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, adaptation au changement climatique, financements des politiques climatiques des pays du Sud, mécanisme pour réviser régulièrement à la hausse les engagements des pays, etc.
Points de vue divergents
Mais selon le niveau de dépendance aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), le stade de développement et les ressources des pays, les positions des négociateurs sont parfois très éloignées. Les Etats insulaires, déjà en «état d'urgence climatique» face à la montée des eaux, exigent des mesures fortes et rapides. Les pays pétroliers, comme les monarchies du Golfe, ou charbonniers, comme l'Australie, sont en revanche réticents à engager une transition contraire à leurs intérêts.
Acteur clé de la négociation, l'Inde, qui doit fournir de l'électricité à 300 millions de personnes et combattre la pauvreté, mise aussi beaucoup sur le charbon, la plus polluante des énergies.
«Nous n'aurons pas un accord parfait», a prévenu lundi Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, six ans après l'échec de la conférence de Copenhague. Il a appelé les négociateurs à «faire preuve de flexibilité et de sens du compromis».
Objectif : amorcer un virage historique
L'accord espéré le 11 décembre à Paris doit permettre au monde d'amorcer un virage historique pour se détourner des ressources fossiles, qui fournissent aujourd'hui une large part de l'énergie mondiale mais qui sont à l'origine du réchauffement inédit de la planète.
Pour rallier les pays du Sud, des financements devront être garantis pour qu'ils se développent avec des énergies propres et affrontent les conséquences du changement climatique (montée des océans, fonte des glaciers, multiplication des évènements météorologiques extrêmes, baisse de la productivité agricole, etc.).
«Cette fois-ci, les pays semblent unis et optimistes et je suis positif», a confié à l'AFP Amjad Abdulla, négociateur des Maldives et porte-parole des Etats insulaires.