Près de six mois avant la conférence mondiale organisée à Paris, le président de la République veut s’imposer comme le défenseur du climat.
L’agenda présidentiel vire quelque peu au vert. Cette semaine illustre parfaitement la priorité donnée par François Hollande à la lutte contre le réchauffement climatique. Après une rencontre lundi avec l’ancien vice-président américain Al Gore, qui préside l’organisation non gouvernementale The Climate Reality Project, et avant l’inauguration aujourd’hui à Paris du Sommet des entreprises pour le climat, le président français était hier à Berlin pour participer au dialogue de Petersberg.
Comme les autres rendez-vous, cette réunion informelle sur le climat, initiée en 2010 par Angela Merkel, représente une étape importante dans la préparation de la COP21, en décembre, que François Hollande présente comme l’événement phare de l’année.
Parvenir à un accord «ambitieux»
Selon Paris, l’échec de la conférence de Copenhague, en 2009, s’explique en partie par un manque de préparation en amont. Six mois avant la conférence de Paris, qui aura lieu du 30 novembre au 11 décembre, pas question de répéter les mêmes erreurs. La COP21 sera réussie à une condition : obtenir des engagements de tous les Etats sur leurs objectifs de réduction à compter de 2020. François Hollande profite donc de toutes les occasions pour endosser son costume de porte-parole de l’écologie.
«Il reste peu de temps, très peu de temps», a-t-il rappelé hier aux trente-cinq représentants étrangers réunis au Centre de congrès de Berlin. Un rôle déjà endossé en septembre devant les Nations unies, en janvier au Forum de Davos, et qu’il reprendra les 7 et 8 juin prochains, lors du sommet du G7. Une étape supplémentaire pour espérer aboutir, en décembre, à un accord «ambitieux, global et contraignant», visant à limiter à 2 °C le réchauffement climatique par rapport à l’ère pré-industrielle. Un accord pour sauver la planète, mais pas seulement. Comme il l’a lui-même annoncé, la COP21 sera l’occasion de «laisser une trace» dans l’Histoire.
Des partenaires divisés
La route menant à un accord international reste toutefois semée d’embûches. «Chacun pense que ce sera une réunion où nous trouverons facilement un accord. Je ne le pense pas», a prévenu le mois dernier le chef de l’Etat. A l’heure actuelle, seuls trente-sept pays ont annoncé leur contribution nationale à la réduction des gaz à effet de serre, sur 195 nations. Dans le viseur, les pays émergents et les Etats les plus pauvres. Les premiers estiment que ces engagements seraient trop contraignants pour leur développement et leur croissance.
Ils regrettent de ne pas profiter de la même impunité qui a permis aux pays développés d’arriver où ils sont. Les seconds, quant à eux, assurent ne pas avoir les moyens de ces ambitions écologiques, et réclament la création d’un fonds international. François Hollande a rappelé à plusieurs reprises que les pays développés et leurs entreprises se devaient de faire un effort. Une partie de l’accord se joue donc dans la capacité à mettre sur pied le Fonds vert pour le climat, qui doit atteindre la somme de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020.