Le PDG de Total, Christophe de Margerie, a jugé dimanche inéluctable la fermeture à terme de raffineries du groupe en France et en Europe, imputant la situation au développement des énergies vertes.
Il s'est refusé en revanche à évoquer le moindre éventuel projet concret concernant l'un des cinq sites français du groupe. "Même si je le savais, je ne le dirais pas", a-t-il déclaré au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, soulignant qu'il réserverait un tel débat en "priorité" aux "partenaires sociaux".
Interrogé sur d'éventuelles fermetures de raffineries dans l'Hexagone et en Europe, M. de Margerie a répondu avec son franc-parler habituel. "Bien sûr qu'il y en aura puisqu'en France comme partout, on va continuer à réduire la consommation (d'hydrocarbures) et on en est fiers puisque ça va faire un environnement plus propre", a-t-il lancé.
"Ça va être ça le premier résultat de l'énergie verte. L'énergie verte, c'est d'abord avant tout consommer moins d'hydrocarbures", a-t-il estimé.
"Puisqu'on est tous d'accord pour réduire les émissions de CO2, il faut quand même consommer moins (...), et derrière produire moins. Et produire moins, c'est pas avec plus de raffineries", a-t-il résumé.
Total exploite encore cinq des huit (bien huit) sites en activité dans l'Hexagone: Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique), Châteauneuf-lès-Martigues (Bouches-du-Rhône), Feyzin (Rhône) et Grandpuits (Seine-et-Marne).
Le groupe, numéro un du marché en France et en Europe, a conservé une activité à Dunkerque mais celle-ci ne relève plus du raffinage, abandonné en 2010.
Les autres raffineries hexagonales sont celles d'ExxonMobil à Notre-Dame de Gravenchon (Seine-Maritime) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), et du britannique Ineos à Martigues (Bouches-du-Rhône). Une petite raffinerie de la société Sara fonctionne par ailleurs outre-mer à Fort-de-France (Martinique).
Le secteur revendique environ 10.000 emplois directs et indirects mais il souffre de marges très basses et a subi une vague de fermetures ces dernières années, avec l'arrêt de Dunkerque et les fermetures des raffineries Petroplus de Reichstett (Bas-Rhin) en 2011 et Petit-Couronne (Seine-Maritime) en avril.
Christophe de Margerie a réitéré à ce sujet dimanche sa conviction qu'il y a "trop de capacité de raffinage en France".
"Notre but, ce n'est pas de fermer une raffinerie, notre but c'est de garder (les raffineries, ndlr), mais rentables. On n'arrête pas de parler de compétitivité en France en ce moment, eh bien parlons de compétitivité sur le raffinage: si jamais il n'est pas compétitif, eh bien il ne pourra pas rester", a estimé le patron de Total.