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La chasse au moustique tigre, un sport somme toute très simple

Un moustique tigre ou Aedes albopictus [ / EID Méditerranée/AFP] Un moustique tigre ou Aedes albopictus [ / EID Méditerranée/AFP]

Le moustique tigre, espèce invasive venue d'Asie du Sud-Est capable de disséminer de redoutables maladies tropicales, progresse inexorablement en France. Pour se protéger de cet insecte petit mais agressif, les autorités invitent la population à des gestes simples de la vie quotidienne.

L'Aedes albopictus, qui a débarqué en 2004 en France, dans les Alpes-Maritimes, à la faveur de la mondialisation, "étend chaque année sa zone de répartition", explique Jean-Baptiste Ferré, entomologiste à l'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen (EID).

L'EID, l'Agence régionale de Santé (ARS) Languedoc-Roussillon, la préfecture et le conseil général des Pyrénées-Orientales présentaient mardi un plan de prévention contre le moustique dans ce département, le dernier en date à être touché, lors d'un point de presse organisé à l'approche de la saison d'activité du moustique, de mai à octobre.

Le moustique tigre, qui doit son nom à ses rayures blanches, est désormais considéré comme implanté et actif dans 17 départements, allant de l'arc méditerranéen à la Haute-Garonne, le Lot-et-Garonne, l'Isère, la Drôme, l'Ardèche et le Rhône. "On sait qu'il progresse et qu'il va continuer de progresser, il se déplace par petits foyers", ajoute Jean-Baptiste Ferré.

L'envahisseur est "très nuisant", dit Christophe Agneau de l'EID, créée au début des années 1960 pour lutter contre l'insecte piqueur, ennemi du développement touristique de la côte méditerranéenne. D'une part, il vit plutôt dans les zones urbanisées et d'autre part, il est "potentiellement vecteur de virus". Il est ainsi susceptible de propager le chikungunya et la dengue, maladies tropicales pour lesquelles il n'existe aucun vaccin et aucun traitement spécifique.

Dans l'écrasante majorité des cas, ces maladies ne sont pas mortelles mais elles peuvent être très douloureuses et invalidantes, décrit le Dr Béatrice Broche, responsable de la cellule de veille à l'ARS Languedoc-Roussillon. Le chikungunya, qui signifie "maladie de l'homme courbé", provoque de fortes fièvres accompagnées de douleurs articulaires; la dengue, également responsable de fièvres carabinées, peut évoluer vers une forme hémorragique.

La transmission s'opère à certaines conditions : le moustique doit piquer une personne infectée qui reviendrait d'un pays où ces maladies sont endémiques et serait encore contagieuse. Le moustique, qui transporte le virus dans ses glandes salivaires, transfère ensuite le virus à d'autres personnes en les piquant à leur tour.

Il y a eu deux cas de dengue et deux cas de chikungunya autochtones en France, tous en 2010. En Italie, une épidémie de chikungunya d'origine autochtone avait touché 300 personnes en 2007, dont une était décédée.

Les techniques de démoustication classiques (campagnes d'épandage de larvicides, aériennes ou au sol) n'étant pas praticables contre ce "moustique des villes", les autorités préconisent des gestes simples de la part de tout un chacun, gestes susceptibles disent-elles de réduire de 80% le risque de présence du moustique.

Il faut que chacun se débarrasse des eaux qui peuvent stagner chez lui, et supprime les lieux de repos de l'insecte en débroussaillant et en entretenant son jardin. Pendant les trois semaines que dure sa vie d'adulte, la femelle peut pondre, plusieurs fois, jusqu'à 200 oeufs, à proximité d'endroits humides ou susceptibles de le devenir tels que des soucoupes oubliées sur le balcon, les caniveaux bouchés, les vieux pneus. Les oeufs peuvent rester en sommeil plusieurs mois pour ne se développer qu'à la saison suivante, lorsque les conditions d'humidité et de température sont réunies.

"Les gîtes larvaires, c'est chez vous", résume le préfet des Pyrénées-Orientales, René Bidal. "On n'empêchera pas le moustique de se reproduire mais si rien n'est fait, la carte de l'invasion risque d'aller beaucoup plus vite".

Parallèlement, l'ARS veille au grain et, en cas de confirmation d'un cas de maladie, les équipes de l'EID sont appelées à intervenir dans l'entourage du patient pour supprimer les éventuels nids à moustiques.

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