Des pesticides pouvant être utilisés pour sur les cultures ou dans les ruches perturbent le fonctionnement du cerveau des abeilles, affectant notamment leurs facultés de mémoire et d'orientation, selon une étude publiée mercredi.
Cette étude paraît dans Nature Communications alors que la Commission européenne propose d'interdire, pendant deux ans, l'utilisation de plusieurs pesticides mortels pour les abeilles. Cette proposition, visant des substances appelées néonicotinoïdes, a été rejetée à la mi-mars par une majorité d'Etats, mais la Commission a annoncé un nouveau vote au printemps en espérant une entrée en vigueur au 1er juillet.
L'étude s'intéresse aux effets sur le cerveau des abeilles de deux de ces nénicotinoïdes utilisés pour protéger les cultures, ainsi qu'à un autre type de pesticides, appelés organophosphorés, en l'occurrence le coumaphos, parfois utilisé contre le parasite Varroa dans les ruches, selon les chercheurs.
En cas d'exposition à des concentrations similaires à celles constatées en champs, les abeilles subissent des perturbations, ont-ils observé.
"Ensemble, ces deux classes de pesticides montrent un impact négatif plus grand sur le cerveau de l'abeille et semblent inhiber l'apprentissage des abeilles", a indiqué à l'AFP, Christopher Connolly, chercheur au centre de recherche médical de l'université de Dundee (Ecosse) et co-auteur de l'étude.
Le 16 janvier, l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait rendu des conclusions, qualifiées d'"inquiétantes" par la Commission européenne, sur l'impact sur le nectar et le pollen des trois néonicotinoïdes que Bruxelles souhaite aujourd'hui suspendre.
Les auteurs de l'étude appellent pour leur part à un examen plus approfondi des alternatives possibles à ces substances, dont les effets sur la santé des abeilles restent faibles, assurent les fabricants, lorsqu'ils sont utilisés dans les règles.
Dans un commentaire, un professeur d'apiculture de l'Université du Sussex, Francis Ratnieks, a estimé pour sa part que les concentrations de pesticides utilisées dans l'étude sont plus importantes que celles constatées dans la réalité. "Nous ne savons pas si des niveaux faibles de nénicotinoïdes dans le nectar et le pollen des plantes traitées (...) ont des impacts négatifs dans le monde réel", a-t-il estimé.