Les industriels de l'automobile ont signé vendredi un accord pour améliorer la valorisation des pneus usagés, permettant de diminuer leur coût de revient pour les producteurs de pneus mais aussi les automobilistes.
"Cet accord doit amener la normalisation des produits issus du recyclage, et un effort appuyé en recherche et développement pour de nouveaux débouchés", a déclaré Patrick Blain, le président du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) lors d'une conférence de presse vendredi.
L'accord vise essentiellement à clarifier le rôle de chacun dans la filière du recyclage.
Chaque année, 40 millions de pneus usés, 298.000 tonnes en 2011, arrivent en fin de vie en France. Pour que ces pneus ne s'entassent pas dans des décharges sauvages ou dans des entrepôts de garagistes, entraînant des risques environnementaux, les producteurs de pneus (constructeurs automobiles et manufacturiers de pneumatiques) sont responsables de leur recyclage depuis un décret de 2002.
Pour cela, un système de traçabilité a été mis en place pour chaque pneu mis
en circulation en France.
L'accord prévoit que les constructeurs automobiles seront en charge du coût du recyclage des pneus usagés des véhicules hors d'usage, soit quelque 50.000 tonnes de pneus par an.
Les fabricants de pneus ont, eux, la responsabilité du recyclage des pneus de remplacement, c'est-à-dire des pneus de seconde monte.
Réutilisation sur les aires de jeux
L'accord, signé avec Aliapur, le principal organisme de recyclage - mis en place par Michelin, Continental, Bridgestone, Goodyear Dunlop, Kléber et Pirelli - prévoit également la poursuite de la professionnalisation de la filière, avec la création de diplômes spécialisants.
Un diplôme reconnu par l'Etat a déjà été mis en place pour les collecteurs, qui récupèrent et trient les pneus, et récupèrent ceux qui sont encore utilisables. "Un sixième des pneus que nous collectons peuvent être réutilisés d'occasion", explique ainsi Eric Fabiew, le directeur général d'Aliapur.
A partir de 2013, un diplôme pour les chauffeurs collecteurs va aussi être créé.
Par ailleurs, les industriels veulent développer la recherche et développement, afin de mieux valoriser les pneus usagés et rentabiliser la filière. Actuellement, les pneus sont broyés, et 45% des broyats produits sont utilisés dans la cimenterie, indique Eric Fabiew.
"C'est dommage, car il y a beaucoup d'autres opportunités", commente-t-il. Ces broyats peuvent ainsi être utilisés dans la fabrication de roulettes de caddies, ou pour les sols souples des aires de jeux. Ils pourraient même servir pour la conception de parties automobiles.
"On peut imaginer qu'à l'issue du partenariat, 60 à 70% des granulats auraient une voie de valorisation", estime M. Fabiew.
La recherche accrue permettrait, selon les industriels, de voir le coût du recyclage diminuer: il est ainsi déjà passé de 2,20 euros par pneu à 1,35 euro (Eco-taxe).
A la clé, un coût moindre répercuté également pour les automobilistes.
Cet accord a été signé par la grande majorité des constructeurs automobiles français et étrangers installés en France. A terme, les industriels espèrent fédérer l'ensemble du secteur.