Le professeur Gilles-Eric Séralini, auteur d'une étude tendant à démontrer la toxicité d'un maïs OGM, a appelé mardi les députés à instituer les conditions d'une "expertise contradictoire" pour mettre fin à quinze ans de "débat stérile" sur les organismes génétiquement modifiés.
"Il faut sortir du mythe de l'expertise indépendante pour instituer l'expertise contradictoire", a-t-il lors d'une audition devant les commissions du développement durable et des affaires sociales de l'Assemblée nationale.
Le député UMP Bernard Accoyer, qui avait mis en cause dans la journée une audition "précipitée", a de nouveau contesté avec virulence l'étude du biologiste, notamment sur sa médiatisation ou son financement.
"Nous ne parviendrons pas à apaiser le débat sans mettre sur la table l'ensemble des analyses de sang qui ont permis l'autorisation de ces produits, sinon nous sommes au Moyen âge de la connaissance scientifique", a répondu le Pr Seralini, appelant les députés à demander la levée du "secret illégal" sur les données ayant permis les autorisations d'OGM.
De plus, "il faut instituer l'expertise contradictoire", "avec chacun démasqué", a-t-il ajouté, pointant les "intérêts industriels importants à réduire l'ampleur et la longueur des tests".
"Les tests réglementaires doivent être publics, indépendants des compagnies et soumis à l'expertise contradictoire pour que nous puissions enfin sortir des débats stériles", qui durent "maintenant depuis 15 ans", a-t-il ajouté.
M. Accoyer, dans un courrier à la présidente de la commission des Affaires sociales, avait jugé "surprenant" que cette audition "intervienne avant même que les parlementaires puissent disposer des conclusions sur la validité scientifique de l'étude en cause de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) et du HCB (Haut conseil des biotechnologies)".
Le député PS du Gers, Philippe Martin, a toutefois remercié les commissions concernées, estimant que "cette réunion est moins précipitée que les commentaires des détracteurs" du Pr Séralini.