L'idée de taxer les robots comme n'importe quel salarié fait son chemin. Alors qu'en France Benoît Hamon a promis d'adopter cette mesure s'il remportait la présidentielle, Bill Gates s'est prononcé en faveur ce celle-ci dans une interview au magazine Quartz.
Pour le fondateur de Microsoft, il s'agit d'une question de bon sens : il s'agit ni plus ni moins de maintenir le financement des services sociaux de base. Bill Gates estime en effet qu'on ne peut pas renoncer à taxer le travail, même s'il est effectué par des robots.
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Rappelant que les robots remplacent petit à petit les travailleurs dans de nombreux domaines, le milliardaire estime qu'il serait injuste que les entreprises et les patrons économisent le coût de la main d'oeuvre sans rien payer en contrepartie. Selon un rapport publié par l'Université d'Oxford en 2013, les robots pourraient remplacer près de 50% des emplois entre 2023 et 2033. Et une autre étude menée par Mc Kinsey a conclu que la technologie actuelle pourrait permettre de remplacer 45% des emplois par des robots.
«Nous libérer du travail»
«Actuellement, si un travailleur humain effectue un travail d'une valeur de 50.000 dollars dans une usine, ce revenu est taxé. Si un robot fait la même chose, vous pourriez imaginer qu'on taxe le robot de la même manière», explique Bill Gates.
Pour ce dernier, le fait de taxer les robots doit permettre de réorienter la main d'oeuvre vers des secteurs qui en ont besoin, comme l'aide aux personnes et l'éducation, tout en permettant aux humains de se réaliser davantage. «Ce qu'il est souhaitable, c'est de nous libérer du travail, ou nous permettre de travailler autrement, afin de dégager du temps et des moyens pour aider par exemple les personnes âgées, avoir plus d'enseignants - ce qui permettrait d'avoir des classes avec moins d'élèves pour pouvoir aider les enfants qui en ont besoin. Ces activités, qui nécessitent de l'empathie, manquent cruellement de main d'oeuvre. A la place des emplois automatisés, et avec les formations nécessaires, vous permettez aux gens de se réaliser davantage (...) en se consacrant à d'autres activités : vous y gagnez largement. Mais vous ne pouvez par abandonner les revenus de la taxe parce que c'est ce qui finance ce genre de services».
Une idée soumise au Parlement européen
Cette prise de position de Bill Gates intervenait à la veille d'un débat sur la question au Parlement européen. Un texte, validé par la Commission jurdique du Parlement en janiver, proposait de «créer un impôt sur le travail réalisé par des robots», afin de compenser la destruction des emplois, et envisageait «l’introduction d’un revenu universel de base», «afin de maintenir la cohésion sociale et le bien-être social». Mais les députés européens ont voté contre, sous la pression de la coalition de droite (composée des groupes ADLE, PPE et ECR).