La construction de logements neufs a bouclé une belle année 2016 en France, dopée par des taux de crédit immobilier historiquement faibles, et des aides publiques.
Quelque 376.500 logements neufs ont été mis en chantier l'an dernier, soit une progression de 10,4% comparé à 2015. Toutefois les chiffres publiés vendredi par le ministère du Logement montrent une petite décélération en fin d'année. Sur le dernier trimestre, le rythme des mises en chantier a en effet légèrement faibli, en enregistrant une hausse de 7,7% comparé aux trois derniers mois de 2015, à 109.500, contre une progression de 10,2% sur les trois mois achevés fin novembre.
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De leur côté, les permis de construire accordés pour des logements neufs ont bondi de 14,2% sur l'année 2016, à 453.200 unités. «La reprise en cours est essentiellement liée à deux facteurs: avant tout, des taux de crédit extrêmement bas qui provoquent des effets de rattrapage ou d'aubaine et stimulent les ventes, mais aussi le plan de relance dans le neuf, avec le dispositif Pinel et le renforcement du Prêt à taux zéro (PTZ)», analyse l'économiste de Crédit Agricole SA Olivier Eluère.
Des conditions d'emprunt exceptionnelles
Les taux de crédit immobilier s'établissaient à 1,34% en moyenne en décembre, soit une très lègère remontée après une année de baisse continue, selon l'observatoire Crédit Logement/CSA. Ces conditions d'emprunt exceptionnelles ont permis à un nombre croissant de ménages de boucler leur dossier de financement.
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L'an dernier, le crédit à l'habitat a ainsi connu un «rebond marqué» avec une production de nouveaux prêts qui a atteint un «nouveau record historique» après avoir quasiment doublé en 2015. A fin novembre - les chiffres annuels n'étant pas encore publiés - le crédit à l'habitat avait mobilisé 258 milliards d'euros, soit +20% sur un an.
Dans le détail, par type de construction, les mises en chantier de logements ordinaires ont augmenté l'an dernier de 10,7% à 349.300 unités, tirées par les logements collectifs. Celles des logements en résidence (pour séniors, étudiants ou touristes), un segment de niche plus volatil, ont progressé plus modestement, de 6,4% à 27.100, l'an dernier.
Prix encore élevés
«La dynamique des ventes se ressent dans les mises en chantier : ce sont les ménages accédants à la propriété, mais aussi l'investissement, qui ont porté le secteur», estime Alexandra François-Cuxac, la présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). La construction de logements neufs «retrouve ses volumes de mises en chantier et de logements autorisés de 2012, après avoir chuté en 2013 et 2014 en raison de l'encadrement des loyers» dont la perspective avait ralenti l'investissement, dit-elle.
Parmi les facteurs négatifs, un environnement économique encore «médiocre» et des prix qui «se sont peu corrigés entre 2009 et 2014, et demeurent élevés», estime M. Eluère. Ainsi, «malgré une forte amélioration du pouvoir d'achat immobilier, liée à la baisse des taux, le marché reste cher». «Les prix repartent à la hausse, mais modérément, avec des acheteurs vigilants et des vendeurs contraints de limiter leurs prétentions», observe l'économiste.
«Ce boom est assez atypique avec des facteurs clairement haussiers, mais aussi des fragilités persistantes», dit-il. «Nous ne sommes pas dans un cycle de reprise classique du marché immobilier». Par zones géographiques, les régions où la construction de logements neufs a progressé le plus l'an dernier sont la Provence-Alpes-Côte-d'Azur (+22,9%), la Nouvelle-Aquitaine (+18,4%), l'Occitanie (+17,2%), la Bretagne (+15,5%) et l'Ile-de-France (+12,7%), loin derrière le micro-marché de la Corse (+77,1%) qui affiche un spectaculaire rebond. En revanche, les mises en chantier ont reculé dans le Grand Est (-2,9%) et dans une moindre mesure, en Normandie (-1,3%).