Face à une forte contestation, Manuel Valls est revenu sur plusieurs points clés du projet. Un compromis qui ne fait pas l’unanimité.
Le gouvernement n’a pas voulu passer en force. Après plusieurs semaines de grogne et une importante mobilisation de la rue, mercredi dernier, le gouvernement a joué la carte de l’apaisement.
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Au terme de plusieurs jours d’intenses négociations, Manuel Valls a présenté lundi aux partenaires sociaux et aux organisations de la jeunesse, réunis à Matignon, la nouvelle mouture du projet de loi travail. Une version revue et corrigée, ayant pour objectif de calmer la colère des syndicats, au risque toutefois de froisser le patronat.
L’exécutif fait des concessions
Le Premier ministre a appelé lundi à donner «un nouveau départ» au texte, évoquant une «réforme intelligente, audacieuse et nécessaire». La principale avancée concerne les indemnités prud’homales, un point qui était particulièrement décrié par les syndicats.
La nouvelle version maintient un barème des indemnisations en cas de licenciement abusif, mais le rend indicatif, et non plus impératif. Le juge pourra donc s’y référer, tout en gardant son pouvoir d’appréciation. De même, l’exécutif a annoncé que les dirigeants des PME ne pourraient finalement pas appliquer le forfait-jours ou moduler les astreintes sans passer par un accord collectif.
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La jeunesse, très impliquée dans la contestation, n’a pas non plus été oubliée. Dans son discours, le Premier ministre a affirmé que la «garantie jeunes», dispositif d’accompagnement des décrocheurs, allait devenir un droit pour tous les 18-25 ans sans emploi et sans formation.
En revanche, les critères de licenciement économiques ne seront pas modifiés. Face aux critiques des opposants au texte, l’exécutif a toutefois garanti que le juge pourrait vérifier que les multinationales n’organisent pas artificiellement leurs difficultés économiques sur le territoire français pour licencier. Enfin, le compte épargne-temps ne sera pas inclus dans le futur compte personnel d’activité, contrairement à ce que demandaient certains syndicats.
Un front syndical fragmenté
Malgré ses efforts, le gouvernement n’a pas réussi à convaincre les syndicats les plus récalcitrants. Car, si les «réformistes, tels que la CFDT ou la Fage, ont estimé avoir été entendus, Philippe Martinez (CGT) a de son côté affirmé que la mobilisation contre la loi travail, prévue le 31 mars prochain, était «plus que jamais d’actualité».
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Un appel également relayé par William Martinet, président du premier syndicat étudiant l’UNEF, qui dénonce «beaucoup de bricolage». Du côté du patronat, l’heure est aussi à la déception.
Nouveau projet de #LoiTravail : entre bricolage et rétropédalage, tjrs des régressions pr les jeunes et tjrs convaincu que #OnVautMieuxQueCa
— William Martinet (@WilliamMartinet) 14 mars 2016
Pierre Gattaz, le président du Medef, a ainsi regretté le «déplafonnement des prud’hommes», «élément important pour que les employeurs, notamment les plus petits, puissent relancer l’emploi», quand la CGPME a dit craindre «une réforme à l’envers».
#LoiTravail "le gouvernement a cédé aux pressions de la rue et de syndicats réformistes" https://t.co/9DrgAwtgtl
— CGPME (@CGPMEnationale) 14 mars 2016