Le marché automobile français du neuf s'achemine pour 2015 vers son meilleur chiffre de croissance en six ans après un mois de novembre à +11,3%, aidé par un jour ouvrable supplémentaire.
Un peu plus de 150.000 voitures particulières neuves ont été livrées dans l'Hexagone le mois dernier. Avec 1,73 million d'unités écoulées, la progression sur les 11 premiers mois de 2015 est de 6,2%, et 5,7% à nombre de jours ouvrables comparables, a souligné le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
Sauf catastrophe en décembre, le marché français devrait réaliser en 2015 sa meilleure progression depuis 2009, même si l'on restera loin des volumes d'avant la crise, soit plus de 2,3 millions d'unités. "C'est nettement meilleur que ce qu'on imaginait au début de l'année", observe Jean-François Belorgey, expert du marché automobile chez EY, pour qui "si l'on se rapproche d'1,9 million, (le marché) commencera à reprendre des couleurs sympathiques".
Une croissance tirée par les entreprises et les loueurs
Bémol, explique à l'AFP le directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile, Flavien Neuvy: cette croissance "a été essentiellement tirée par les entreprises et les loueurs" et non les particuliers.
Si les mois de décembre ne réservent d'habitude pas de surprise, l'onde de choc des attentats du 13 novembre va "forcément créer de l'attentisme", prévient cet expert, pour qui "la question est de savoir si l'industrie automobile sera concernée ou pas, et si ce sera durable".
En novembre, PSA Peugeot Citroën a fait mieux que la tendance avec une hausse de ses immatriculations de 13,1%, profitant du dynamisme de Peugeot (+16,6%). Les livraisons de DS ont crû de 10,9% et celles de Citroën de 7,8%. Renault s'est un peu moins bien comporté que son concurrent français, progressant de 8,3%. Dacia a lourdement chuté (-33%) mais les livraisons des voitures frappées du losange se sont envolées de 21,5%.
Pas d'euphorie chez les constructeurs français
Ensemble, les groupes français s'arrogent 51,7% du marché du neuf dans leur fief, et 55,7% depuis le début de l'année. Les 10 premiers modèles vendus sont issus de groupes français, Renault Clio 4 en tête avec 5,6% de part de marché, suivie par les Peugeot 208 (4,8%) et 308 (4%). Mais sur 11 mois, les constructeurs tricolores ont connu une croissance inférieure à la moyenne du marché: 3,9% pour PSA et 3% chez Renault.
Volkswagen, qui reste le premier importateur, a semblé continuer à subir les conséquences commerciales du scandale des moteurs diesel truqués qui a éclaté en septembre et le contraint à rappeler 950.000 voitures rien qu'en France. Il se contente d'une progression de 4,7% sur le mois de novembre.
Sur 11 mois, les livraisons du groupe VW progressent de 5,3%, moins que la moyenne des marques importées (+9,6%). "Le véritable impact, on le verra plutôt en décembre et janvier, parce que les commandes ont marqué le coup" depuis octobre, prévient M. Neuvy. M. Belorgey fait valoir que cette chute, jusqu'ici, "n'est quand même pas spectaculaire". Pour lui, "la qualité perçue de leurs produits les aident probablement à résister à cette vague de communication négative".
Léger rebond du diesel
Après des mois de repli, la proportion de voitures diesel immatriculées a légèrement progressé en novembre, à 55% du marché. Sur 11 mois, cette part s'établit à 57,5%. Elle était de 64% en 2014.
Dauphin de VW en volume, Ford voit ses immatriculations progresser de 7,1% sur les 11 premiers mois de l'année et même de 16,3% en novembre.Toyota, pour 36 unités, reste de justesse le leader des Japonais depuis début 2015, avec une progression de ses livraisons de 7,8%. Mais Nissan, partenaire de Renault, lui mord les jarrets et enregistre une croissance de 9,6%.
Ces chiffres pâlissent face aux bonds des spécialistes allemands du luxe: le groupe BMW progresse de 19,1% depuis janvier, aidé par Mini (+27%), alors que Mercedes affiche une croissance de 16,7% sur 11 mois, en particulier grâce à la gamme de voitures urbaines Smart.
En volume, deux généralistes se glissent entre les deux groupes d'outre-Rhin: Fiat, qui tire parti de livraisons de Jeep plus que triplées, progresse de 13,2% sur 11 mois, tandis que General Motors est le seul dans le rouge sur la période, avec -2,9%.