La Commission européenne a accordé un nouveau délai de deux ans à la France pour ramener son déficit public sous la barre des 3% de Produit intérieur brut, soit jusqu'en 2017, en pleine année électorale, a-t-elle annoncé mercredi lors d'une conférence de presse surprise.
Bruxelles "a décidé de proposer une nouvelle recommandation à la France (sur le calendrier de réduction des déficits) avec une nouvelle échéance en 2017", a annoncé le vice-président de la Commission en charge de l'Euro, Valdis Dombrovskis.
C'est le troisième délai dont bénéficie la France pour ramener son déficit public dans les clous européens, sous la barre des 3% de PIB. Le scénario d'un délai de trois ans pour la deuxième économie de la zone euro, soit jusqu'en 2018, circulait récemment à Bruxelles et aurait permis à la France de contourner l'échéance électorale.
2017, année électorale en France
Le gouvernement français prévoit un déficit de 4,1% en 2015, au lieu des 3% promis initialement, et un retour sous la limite des 3% seulement en 2017, année de l'élection présidentielle.
Le cas de la France "a été le plus compliqué", a reconnu M. Dombrovskis, alors que la Commission a dans le même temps rendu mercredi son verdict sur les finances publiques de la Belgique et de l'Italie, deux pays dont le niveau de la dette est préoccupant.
Un programme de réformes
La Commission européenne attend de la France qu'elle présente en avril "un programme national de réformes ambitieux" qui contribuera à réduire son déficit public, a indiqué par ailleurs le commissaire européen Pierre Moscovici. Il sera évalué par Bruxelles en mai.
Un débat d'orientation a eu lieu mercredi entre commissaires européens où la question du délai à la France a été abordée. La perspective d'accorder un délai de trois ans hérissait certains au sein de la Commission. Lundi soir, le commissaire allemand Gunther Oettinger, en charge de l'Economie numérique, a protesté contre l'octroi d'un nouveau délai de trois ans pour ramener le déficit français sous 3%. "La crédibilité du pacte de stabilité est en jeu", a-t-il déclaré au Handelsblatt, déplorant que "la France ne soit pas encore là où elle doit être".
Valls et Sapin réaffirment l'objectif
L'objectif est "bien de passer sous la barre des 3%", a déclaré Manuel Valls, tout en assurant, à propos des réformes, que la France était "en train de se bouger". "L'objectif que je poursuis est bien de réformer le pays, non pas parce que les autorités européennes nous y obligeraient" mais "parce qu'il en va de l'avenir du pays", a ajouté le Premier ministre lors d'une conférence de presse.
Revenir sous 3% du produit intérieur brut, "tel est exactement l'objectif que le gouvernement s'était fixé dans la loi de finances pour 2015 et la loi de programmation pluriannuelle des finances publiques", a de son côté rappelé Michel Sapin dans un communiqué.