Quelque 71% de Français se disent favorables à un retour à la défiscalisation des heures supplémentaires, et jusqu'à 79% s'agissant des heures des salariés les plus modestes, selon deux sondages publiés ce week-end, sur fond de débat relancé cet été sur ce dispositif abrogé en 2012.
Interrogés en lien avec la sujétion de nouveau à l'impôt des heures supplémentaires, 71% des Français se disent "plutôt favorables à un retour à la défiscalisation (...) car cette mesure augmenterait le pouvoir d'achat des salariés et valoriserait le travail et l'effort", selon un sondage Ifop à paraître dans Sud-Ouest Dimanche.
A l'inverse, 29% se disent "plutôt opposés" à défiscaliser de nouveau, "car cette mesure représenterait un manque à gagner important pour les finances de l'Etat et aurait un effet négatif sur l'emploi (les entreprises préférant recourir aux heures supplémentaires plutôt que d'embaucher)", selon la formulation de la question par l'Ifop.
Augmenter le pouvoir d'achat
Pour le sondeur, les Français semblent ainsi arbitrer "en faveur de l'augmentation du pouvoir d’achat des salariés et de la valorisation du travail et de l’effort plutôt qu’en faveur de l’augmentation des recettes de l’Etat et de la baisse du chômage".
Selon un sondage BVA distinct pour I-Télé CQFD, publié samedi, ce sont jusqu'à 79% de Français qui se disent favorables à une exonération d'impôt des heures supplémentaires des salariés les plus modestes. Vingt pour cent y seraient opposés.
Une proportion plus importante (85%) estime qu'une telle mesure "augmenterait le pouvoir d'achat" (contre 11% d'un avis contraire). Une minorité pense que "cela serait coûteux pour l'Etat" (38%) ou que "cela augmenterait le chômage" (19%), selon ce sondage BVA.
Les sympathisants de droite sont 87% à se dire favorables à une défiscalisation, contre 69% des sympathisants de gauche, selon BVA.
L'enquête Ifop révèle en revanche des sympathisants de gauche "très partagés" sur la mesure instaurée en 2007 par Nicolas Sarkozy et supprimée en 2012 par le gouvernement socialiste: ainsi 51% des sondés se situant à gauche se disent favorables à un retour à la défiscalisation, et 49% se prononcent contre.
A droite, les sympathisants UMP sont très largement favorables (88%) à un retour à la mesure du quinquennat Sarkozy.
La situation socio-professionnelle, relève l'Ifop, n'engendre guère de clivage dans l'opinion, par contre l'âge sensiblement: 77% des sondés de moins de 35 ans se disent favorables à un retour à la défiscalisation, contre 64% des plus de 35 ans.
Le débat sur la défiscalisation des heures supplémentaires a été relancé ces dernières semaines par le député PS Thierry Mandon, un des porte-parole du groupe socialiste. Plusieurs parlementaires PS ont réclamé des mesures ciblées pour les salariés les plus modestes.
La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a assuré cette semaine que le gouvernement ne "reviendra pas sur la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires".
Le sondage Ifop a été réalisé du 4 au 6 septembre, en ligne, auprès d'un échantillon de 1.014 personnes, représentatif de la population de 18 ans et plus.
Le sondage BVA a été réalisé les 5 et 6 septembre auprès d'un échantillon de 1.051 personnes représentatif de la population de 18 et plus.