La question de la parité de l'euro, soulevée par la France qui juge la monnaie unique trop forte, a été renvoyée au G20 par le nouveau chef de file de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, qui a insisté sur les efforts que doit faire Chypre contre le blanchiment d'argent afin de bénéficier d'une aide.
La question du taux de change de l'euro a bien été abordée lundi, comme le souhaitait le ministre français des Finances, Pierre Moscovici.
Mais la prochaine réunion du G20, qui regroupe les principales économies développées et en développement, "s'y prête plus", a estimé M. Dijsselbloem. "La principale conclusion a été que s'il y avait un endroit où cela devait être discuté, ce serait au G20" vendredi et samedi à Moscou, a-t-il dit, rappelant que le G7 et le G20 étaient traditionnellement les plateformes utilisées pour aborder les questions monétaires.
Il s'est refusé à donner son propre avis sur le niveau de l'euro, disant "mettre un point d'honneur à ne pas faire de commentaire sur les taux de change".
"Nous avons tous convenus que ce qui comptait, c'était un message au sein des instances internationales", a affirmé M. Moscovici après la réunion, en admettant que le G20 était "sans doute le bon lieu" pour parler de taux de change.
Il a toutefois estimé que la discussion sur l'euro au cours de l'Eurogroupe n'avait pas été "illégitime" tout en insistant sur le fait qu'il fallait "se garder de toute guerre des monnaies".
Paris tente d'ouvrir un débat sur le niveau de l'euro, qui renchérit ses exportations et risque de pénaliser ses efforts pour regagner en compétitivité.
"Les taux de change ne doivent pas être manipulés", a souligné de son côté le ministre allemand Wolfgang Schäuble, expliquant que les Européens voulaient mettre l'accent sur cette question à Moscou. Pour lui cependant, "il n'y a pas de problème de taux de change de l'euro" même s'il "peut y avoir des préoccupations concernant d'autres grandes devises".
L'euro a gagné plus de 10% en six mois, atteignant plus de 1,37 dollar début février. Il a depuis reperdu du terrain et était lundi en fin de journée légèrement au-dessus de 1,34 dollar.
La réunion de lundi a aussi été l'occasion d'aborder le dossier de l'aide à Chypre, qui a demandé un plan de sauvetage en juin. Les décisions attendront l'issue de la présidentielle dans ce pays, dont le premier tour se tient ce dimanche.
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En attendant, les ministres des Finances se sont focalisés lundi sur la lutte contre le blanchiment d'argent dans ce pays. Une évaluation de la mise en oeuvre de la législation récemment adoptée à Chypre pour lutter contre le blanchiment "devra être menée par une entreprise privée", et ses conclusions sont attendues pour mars, lorsque la zone euro discutera d'un programme d'aide, a indiqué le nouveau chef de l'Eurogroupe.
"Si nous voulons discuter un jour d'un programme, il faut en faire plus concernant le blanchiment d'argent", a martelé M. Schäuble. Quant au commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, il a souligné que la lutte contre le blanchiment d'argent était "une condition sine qua non" pour un plan d'aide à Chypre.
La réunion a également permis d'aborder la recapitalisation directe des banques par le Mécanisme européen de stabilité (MES), pour laquelle "une implication du secteur privé est envisageable", a dit M. Dijsselbloem. Mais cette question, comme l'ensemble de celles concernant la recapitalisation directe, seront discutées plus en détails d'ici juin, a-t-il dit.
M. Dijsselbloem a par ailleurs été élu à l'unanimité président du conseil des gouverneurs du MES en remplacement de son prédécesseur Jean-Claude Juncker.
La réunion de l'Eurogroupe a été sensiblement plus courte que d'ordinaire, car elle est suivie par un dîner en l'honneur du Premier ministre luxembourgeois, qui a quitté la présidence de l'Eurogroupe en début d'année.