Le franc suisse est repassé vendredi sous la barre symbolique de 1,25 face à l'euro, la pression sur cette valeur refuge se relâchant avec le regain de confiance à l'égard de la monnaie unique.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, l'appréciation de l'euro a même ramené la parité avec la devise helvétique à 1,2570, soit le plus bas niveau pour le franc suisse depuis mai 2011.
Dans la journée, les cambistes ont cependant consolidé leurs gains sur la devise, ramenant le cours du franc suisse à 1,2422 franc suisses vis-à-vis de l'euro à 17h30 GMT.
"La parité à 1,25 franc suisse contre l'euro constitue un point de résistance technique, et il est donc possible d'assister à un mouvement de consolidation durant les prochains jours", a indiqué à l'AFP Marcus Hettinger, stratège en devises chez Credit Suisse.
A plus long terme, il n'exclut pas cependant que le franc suisse continue de s'affaiblir si le regain de confiance à l'égard de la monnaie unique se confirme et si les marchés d'actions continuent de grimper.
"Cela pourrait encourager les investisseurs à sortir du franc suisse pour se tourner vers des actifs grâce auxquels ils pourront obtenir de meilleurs rendements", a-t-il ajouté.
La devise helvétique s'est sensiblement affaiblie depuis la dernière réunion trimestrielle de la Banque Centrale Européenne (BCE) du 10 janvier.
Son président, Mario Draghi, avait notamment en lumière que les taux d'emprunt de certains Etats en difficulté avaient baissé, comme l'avaient illustré le jour même le succès des émissions obligataires de l'Espagne et l'Italie.
Au cours des deux dernières années, la surévaluation du franc suisse a été un véritable casse tête pour la Banque Nationale Suisse (BNS).
Durant l'été 2011, le franc suisse avait atteint des sommets historiques alors que les craintes d'une possible explosion de l'euro, combinées aux inquiétudes sur la dette américaine, avaient poussé les investisseurs à se retrancher massivement sur cette devise, considérée comme un des placements les plus sûrs après l'or.
Ces afflux de capitaux avaient contraint la banque centrale helvète à prendre des mesures exceptionnelles telles que l'introduction d'un taux de changes plancher à 1,20 francs suisses contre l'euro.
"L'affaiblissement du franc suisse est une bonne nouvelle pour la BNS mais aussi pour l'économie suisse", a déclaré à l'AFP David Marmet, économiste à la Banque Cantonale de Zurich.
Pour "les entreprises tournées vers l'exportation, cela veut dire qu'elles se trouveront en meilleure posture qu'auparavant", a-t-il ajouté.
La cherté du franc a lourdement pénalisé les entreprises exportatrices suisses qui ont vu leur marges rognées par les effets de changes négatifs.