Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a qualifié vendredi d'"erreur factuelle" le retrait de la note financière Aaa de la France par l'agence d'évaluation Moody's, à la mi-novembre.
Moody's "s'est fourvoyée", selon le gouverneur. Il juge non pertinent l'argument de l'agence concernant l'exposition importante de la France aux pays fragiles de l'Union monétaire, via les liens commerciaux ou bancaires.
"Tous les arguments sur l'exposition (de la France) aux (pays) périphériques (de la zone euro) (...) sont datés et s'appuient donc sur une erreur factuelle", a déclaré Christian Noyer à la presse, en marge d'une conférence à Hong Kong.
"J'ai du mal à comprendre le raisonnement. Je respecte toutes les opinions, nous sommes dans un monde libre, mais je ne suis pas vraiment convaincu par les arguments qui ont été avancés", a-t-il ajouté.
Selon lui, l'exposition de la France aux risques de l'endettement des Etats de la zone euro "a été réduit significativement" grâce à la stabilisation de la zone euro, qui s'est accompagnée d'une réduction des dépenses et d'une consolidation budgétaire.
"Tout cela signifie que nous sommes capables d'absorber les chocs", a-t-il dit.
La dette publique de long terme de la France est notée Aa1 par Moody's depuis mi-novembre, soit un cran en-dessous de la meilleure distinction dont elle jouissait jusque-là. Mais l'agence a aussi assorti cette note d'une perspective négative, ce qui signifie qu'elle menace de l'abaisser à nouveau à moyen terme.
Moody's est la deuxième des trois grandes agences de notation internationales à retirer à la France son prestigieux "triple A". Standard and Poor's (SP) avait dégainé la première, le 13 janvier 2012.
En expliquant sa décision, l'agance avait salué les réformes récemment annoncées par le gouvernement, et son "fort engagement" à les mettre en oeuvre. Mais elle rappelait que la France a rarement réussi à faire aboutir de telles réformes ces vingt dernières années.
En décembre 2011, le gouverneur de la Banque de France avait estimé que les agences de notation étaient devenues "franchement incompréhensibles et irrationnelles" et leur utilité pour guider les investisseurs n'était "plus avérée aujourd'hui".