Dexia "risque encore de coûter cher à l'Etat", a prévenu mercredi le président de la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts (CDC), Henri Emmanuelli, en référence au stock de prêts aux collectivités de la banque, dont une partie est considérée à risque.
"C'est un dossier qui n'est pas terminé et qui risque encore de coûter cher à la République française et, je l'espère, pas à la Caisse", a lancé M. Emmanuelli lors de son audition devant la commission des Finances du Sénat.
M. Emmanuelli a expliqué ses craintes par la situation délicate de Dexma (Dexia Municipal Agency), véhicule utilisé par la banque franco-belge pour refinancer ses prêts aux collectivités.
"Dans Dexma, il reste 70 milliards d'euros de portefeuille", dont "à peu près 10 milliards d'euros sur les collectivités sur lesquels on peut avoir quelques inquiétudes, pas sur la totalité mais sur une partie" et "aussi 10 milliards de prêts toxiques", a précisé le député PS.
Les estimations communément acceptées font état, au sein du portefeuille de 70 milliards, d'un sous-ensemble considéré comme sensible d'un montant de 10 milliards environ et non de 20 milliards.
Selon le montage proposé à la Commission européenne, l'Etat doit devenir actionnaire majoritaire de Dexma, aussi appelé DMA. La Caisse des dépôts prendrait une participation au capital.
M. Emmanuelli a rappelé que l'ensemble du groupe Caisse des dépôts avait perdu, à ce jour, 4 milliards d'euros dans le dossier Dexia, dont elle est le premier actionnaire.
Dans le détail, 2,9 milliards proviennent de la section générale (périmètre strict de la CDC), 1 milliard du Fonds d'épargne (qui centralise 65% du Livret A et du Livret de développement durable) et le solde de CNP Assurances, contrôlé par la CDC.
"La Caisse se trouve à nouveau sollicitée par l'Etat pour prendre une participation (dans DMA, NDLR) que nous avons tendance plutôt à refuser parce que cela nous a déjà coûté très, très cher", a commenté M. Emmanuelli.
"Nous sommes néanmoins l'objet (...) de pressions insistantes parce que si ce n'est pas nous, l'Etat ne sait pas avec qui" réaliser le montage, a-t-il ajouté.