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Triple A : tout comprendre en 7 questions

[Philippe Huguen / AFP/Archives]

En abaissant lundi soir d'un cran la note de la dette de long terme, Moody's a retiré à la France son précieux triple A. Une annonce qui pose plusieurs questions sur l'intérêt de cette fameuse note mais aussi ses conséquences.

 

La dégradation de Moody's était-elle prévue ?

Oui. Moody's avait menacé de dégrader le "triple A" de la France en le plaçant sous perspective négative le 13 février. A l'époque, et alors qu'une autre agence, Standard and Poor's, avait déjà dégradé la France, l'agence évoquait les "incertitudes" européennes ainsi que la "détérioration continue de la dette publique française". Elle expliquait alors qu'une dégradation interviendrait en cas d'"échec du gouvernement dans sa tentative de stabiliser et inverser la trajectoire de la dette".

 

Pourquoi Moody's a baissé la note de la France ?

Dans sa note publiée hier soir, Moody's explique sa décision de baisser la note de la France par "des perspectives économiques de long terme affectées de manière négative par de multiples défis structurels", dont "une perte de compétitivité graduelle mais continue" et "des rigidités des marchés du travail, des biens et des services". L'agence de notation a aussi pointé que la capacité de la France à résister à d'éventuels nouveaux chocs futurs de la zone euro "diminue".

 

A qui la faute ?

Dès l'annonce de la perte du triple A, Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, a expliqué que c'était une "sanction de la gestion du passé". L'argument est à moitié recevable. Car si le gouvernement précédent était prévenu de cette possible "sanction", Moody's avait expliqué après l'élection présidentielle attendre pour la seconde partie de l'année, que le gouvernement socialiste "donne une image plus claire de son programme".

Or hier soir, si Moody's relevait "un fort engagement en faveur des réformes structurelles et de la consolidation budgétaire", l'agence estime que les mesures en faveur des entreprises annoncées début novembre "ne devraient pas, seules, avoir l'ampleur suffisante pour rétablir la compétitivité".

 

Quelles conséquences pour la France ?

La note de la dette de long terme attribuée par les agences de notation reflète la capacité d'un pays à rembourser sa dette. Moins elle est bonne, moins les marchés sont censés lui faire confiance et lui prêter de l'argent. Le taux d'intérêt auquel la France se finance en dépend. Et si les taux s'envolent, la dette aussi.

En janvier, la dégradation de Standard and Poor's n'avait pas eu de conséquence sur ce taux. Avec la dégradation de Moody's, ce sont désormais deux des trois agences de rang international qui prennent acte de la dégradation. Toute la question sera donc de voir comment le marché prend cette nouvelle. La France est-elle encore un meilleur placement que d'autres pays moins bien noté ? Ou bien la France décroche-t-elle du club des pays les mieux notés vers lesquels les investisseurs vont se réfugier ?

Le déclassement de la note souveraine de la France aura des répercussions sur les notes des mécanismes européens de sauvetage. En effet, avec l'Allemagne, la France est un élément clef des fameux MES et FESF.

 

Et la dégradation de Fitch c'est pour quand ?

Hasard ou pas, Fitch ratings, la seule agence à ne pas encore avoir dégradé la France… est détenue par un homme d'affaires Français, Marc Ladreit de Lacharrière. En janvier dernier, elle assurait qu'elle ne prévoyait pas d'abaisser la note de la France en 2012. Aujourd'hui son triple A est assortie d'une "perspective négative". En octobre dernier, Marc Ladreit de Lacharrière indiquait que "la France pourrait être dégradée dans les 18 mois si la croissance ne revient pas, si les réformes structurelles pour accroître la compétitivité ne sont pas là".

 

Comment réagissent les marchés ?

Pas si mal. Comme si elle avait déjà anticipé cette nouvelle, la Bourse de Paris affichait à 11h40 un léger repli de 0,2%. Seule ombre au tableau, sur le marché obligataire, le taux Français à 10 ans se tendait légèrement à 2,09% contre 2,069% la veille.

 

Qui a encore son triple A ?

Si la France, les Etats-Unis et l'Autriche ont quitté ces douze derniers mois le club des pays qui détiennent la note optimale, AAA, 12 pays disposent encore de cette note. Parmi ces 12 états, sept se distinguent par une perspective "stable" aussi bien chez Moody's, Fitch que Standard and Poor's : la Suède, la Norvège et le Danemark, la Suisse, l'Australie, le Canada et Singapour.

Les cinq autres, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Luxembourg, le Royaume-Uni et la Finlande voient leur note assortie d'une perspective "négative" par au moins une des trois agences.

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