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Dexia encore renflouée par les Etats

Logo de la banque Dexia sur la façade d'une agence [Philippe Huguen / AFP/Archives] Logo de la banque Dexia sur la façade d'une agence [Philippe Huguen / AFP/Archives]

Belgique et France vont renflouer de nouveau Dexia, cette fois-ci à hauteur de 5,5 milliards d'euros, une recapitalisation nécessaire après les cessions réalisées par la banque franco-belge dans le cadre de son démantèlement, qui ont mis en péril sa solvabilité à court terme.

Au terme d'une nouvelle séance de négociations à rallonge comme le dossier en a beaucoup connues depuis le premier sauvetage de septembre 2008, les deux Etats se sont également entendus, dans la nuit de mercredi à jeudi, pour faire évoluer la répartition de la charge des garanties publiques accordées à la banque.

La Belgique, qui bataillait depuis des mois en ce sens, a obtenu d'abaisser sa part de 60,5% à 51,4%, tandis que la France a consenti à voir la sienne remonter de 36,5% à 45,5%. Celle du Luxembourg reste inchangée à 3%.

Le ministre belge des Finances, Steven Vanackere, a salué un accord "équilibré et dans l'intérêt" de la Belgique.

Le plafond de ces nouvelles garanties (d'autres avaient déjà été apportées en 2008) a été réduit de 90 à 85 milliards d'euros.

La banque bénéficie actuellement de garanties temporaires, validées par Bruxelles, qui l'autorisent à emprunter jusqu'à 55 milliards d'euros sur les marchés pour se financer.

La Commission européenne a consenti fin septembre à la prolongation jusqu'au 31 janvier 2013 de cette garantie temporaire. Elle doit désormais se prononcer sur le plan de restructuration dans son ensemble.

"Nous sommes satisfaits de la négociation et d'avoir finalisé ce plan qui sera remis certainement la semaine prochaine" à la Commission, a indiqué l'administrateur délégué de Dexia, Karel De Boeck, lors d'une conférence de presse.

"Nous espérons qu'elle se prononcera fin janvier" comme prévu, a expliqué le dirigeant.

Les Etats se sont également accordés sur le coût facturé à Dexia en échange des garanties, qui a été très nettement revu à la baisse, de 0,90% à 0,05%, sous réserve de validation par la Commission européenne, ce qui doit éviter à la banque d'être perpétuellement asphyxiée.

Sur les neuf premiers mois de l'année, l'établissement a, en effet, dû verser aux Etats 273 millions d'euros au titre de la rémunération de ces garanties.

1,2 milliard de pertes au 3e trimestre

La recapitalisation, elle, a été rendue nécessaire par la série de cessions réalisées par Dexia dans le cadre de son démantèlement. En moins d'un an, tous les actifs susceptibles d'être cédés l'ont été, même si toutes les transactions ne sont pas encore finalisées.

Dans la plupart des cas, ces ventes ont engendré des moins-values, en particulier dans le cas de la filiale belge Dexia banque Belgique (DBB), devenue depuis Belfius, et de la filiale turque DenizBank.

Coût des garanties et effet des cessions ont ainsi amené la banque à une perte nette de 1,225 milliard d'euros pour le seul troisième trimestre.

Ces charges exceptionnelles ont progressivement entamé les fonds propres de l'établissement, au point que Dexia SA, le holding du groupe, affichait, fin septembre, des fonds propres sociaux négatifs.

Cette situation mettait en danger la solvabilité du groupe à court terme et sa capacité à mener à terme son démantèlement, prévu sur de nombreuses années. Pour illustrer la nécessité d'accorder du temps à Dexia, M. De Boeck a révélé que les engagements de la banque couraient jusqu'en 2099.

Pour lui offrir ce délai, France et Belgique n'ont eu d'autre choix que de remettre au pot, après avoir déjà injecté 6 milliards en septembre 2008 (en incluant l'apport des collectivités belges et de la Caisse des dépôts française).

Contrairement aux garanties, cette recapitalisation implique un décaissement pour les Etats, ce qui pèsera sur la situation budgétaire.

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