Le PDG d'EDF Henri Proglio a jugé mercredi que la consommation électrique française pourrait augmenter de près de 40% d'ici 2025 du fait de l'accroissement important de la population et de la croissance économique, même si des efforts de sobriété énergétique étaient réalisés.
"Je signale à tout hasard qu'avec 2% d'hypothèse de croissance économique annuelle et compte tenu de la démographie et des habitudes de consommation (...), le parc actuel de production français, toutes énergies confondues, ne suffirait qu'à satisfaire 60% de la demande en 2025", a déclaré M. Proglio lors d'une table ronde à l'Assemblée nationale.
Le patron d'EDF a laissé entendre que l'objectif gouvernemental des 50% d'électricité d'origine nucléaire dans 13 ans (contre 75% environ actuellement) n'impliquait pas forcément la fermeture d'autres centrales nucléaires que celle, déjà condamnée, de Fessenheim.
"En 2025, il y aura en France 6 millions d'habitants de plus qu'aujourd'hui, c'est à dire 9% de la population. Si on n'a pas ce chiffre en tête, évidemment, on commence à spéculer sur des mesures à prendre pour adopter des pourcentages qui n'ont aucun sens", a-t-il dit aux députés.
Henri Proglio, qui a pour l'instant sauvé sa place malgré sa proximité avec l'ancien président Nicolas Sarkozy, a également estimé qu'il faudrait réaliser des économies d'énergies "de 20%" pour que la consommation électrique de chaque Français reste stable.
"Comment peut on parler de mix sans parler de quantité d'énergie dont on voudrait disposer?", a-t-il plaidé. "Est-ce qu'il ne faut pas poser la question de savoir d'où viendrait l'électricité pas encore produite plutôt que de se poser la question de savoir comment on supprimerait des moyens de production existants?"
François Hollande a confirmé le mois dernier son objectif de 50% d'électricité nucléaire en France en 2025 (contre environ 75% actuellement) et la fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim (Haut-Rhin) fin 2016.
Mais les grandes lignes et les modalités de la "transition" écologique et énergétique voulue par le gouvernement doivent encore être définies lors d'un débat national prévu entre novembre et avril. Le gouvernement a dit vouloir faire de "l'efficacité énergétique et la sobriété" le point de départ de ce débat.