Un géant japonais de l'acier est né lundi avec Nippon Steel & Sumitomo Metal Corporation (NSSMC), deuxième groupe mondial du secteur qui entend damer le pion à ses concurrents chinois et sud-coréens.
Ce mastodonte a été crée par la fusion de Nippon Steel (n°1 japonais et sixième mondial) et Sumitomo Metal Industries (SMI) (n°3 japonais, 27e mondial), la plus importante opération de consolidation dans la sidérurgie nippone depuis la fondation du numéro deux national, JFE, il y a dix ans.
Avec une production cumulée d'acier brut de 46,1 millions de tonnes en 2011, NSSMC se place loin derrière la multinationale ArcelorMittal (97,2 millions de tonnes), basée au Luxembourg. Mais il dépasse le chinois Baosteel et le sud-coréen Posco, dont la récente expansion asiatique est surveillée de près par les groupes japonais.
Cette fusion, annoncée en février 2011 et validée en juin dernier par les actionnaires des deux sociétés, a pour but de les renforcer face à une compétition planétaire aiguisée par le boom de la construction dans les pays émergents. Avec ce mariage, elles espèrent surmonter la mauvaise passe mondiale et le handicap du yen fort qui fait fondre leurs marges à l'étranger.
"Je suis convaincu que nous serons capables de survivre à la sévère compétition mondiale", a déclaré Shoji Muneoka, directeur général de l'ex-Nippon Steel devenu numéro un de NSSMC, lors d'une cérémonie à Tokyo. Le chef de l'ex-SMI est devenu numéro deux du nouveau groupe.
Le jeune géant devrait être compétitif pour les aciers de haute qualité mais pourrait peiner face à ses concurrents chinois et sud-coréens aux moindres coûts de production pour les produits de moyenne gamme, a expliqué un haut responsable de Nippon Steel dans la presse avant la fusion officielle.
SMI est considéré comme l'un des meilleurs experts des tubes sans soudure, particulièrement prisés dans l'industrie pétrolière.
Grâce à sa taille, NSSMC pourra négocier en meilleure position les prix des matières premières, comme le minerai de fer et le charbon à coke, avec les trois géants miniers mondiaux, les anglo-australiens Rio Tinto et BHP Billiton et le brésilien Vale.
Cette union pourrait aussi lui permettre d'acheter directement des producteurs de matières premières, comme l'ont déjà fait ArcelorMittal, Posco et les sidérurgistes chinois.
Le nouveau groupe prévoit de s'étendre sur les marchés émergents brésilien et indien, où Nippon Steel lorgnait depuis longtemps. NSSMC devrait aussi chercher à développer sa production en Chine et dans les pays d'Asie du Sud-Est.
Ce faisant, le sidérurgiste espère limiter son exposition aux yo-yo du yen, dont la vigueur persistante handicape la compétitivité à l'étranger de l'acier Made in Japan.
Au final, le nouveau géant veut augmenter sa production jusqu'à 60 voire 70 millions de tonnes d'acier par an.
Des analystes préviennent toutefois que le nouveau géant pourrait devoir passer par une restructuration d'ampleur.
Aucune prévision de résultat n'a été fournie jusqu'à présent pour NSSMC concernant l'année budgétaire d'avril 2012 à mars 2013, que l'entité fusionnée a pris en marche en ce début de second semestre ouvert le 1er octobre.
Avant leur mariage officiel, ses groupes fondateurs avaient chacun prévu des pertes nettes pour le premier semestre terminé le 30 septembre: 155 milliards de yens (1,55 milliard d'euros) pour Nippon Steel lesté de la dépréciation de deux aciéries au Japon et 8 milliards de yens (80 millions d'euros) pour SMI.
La fusion s'est déroulée concrètement via le versement aux actionnaires de SMI de 0,735 action de Nippon Steel pour chaque titre SMI en leur possession. L'action SMI a en conséquence disparu de la cote lundi et l'action Nippon Steel a servi de base à la valorisation de NSSMC.
La craintes pour la conjoncture mondiale et notamment pour la croissance chinoise ont toutefois pesé sur le titre dès le premier jour. Il a clôturé à 158 yens, en baisse de 1,25% par rapport au cours de Nippon Steel vendredi.