Le groupe d'électronique et de défense Safran (ex-Sagem) a été condamné mercredi par le tribunal correctionnel de Paris à 500.000 euros d'amende pour "corruption active" d'agents nigérians entre 2000 et 2003 en marge d'un contrat pour la fabrication de 70 millions de cartes d'identité.
Deux cadres, qui étaient également poursuivis, ont en revanche été relaxés par le tribunal. Des peines de 15 et 18 mois de prison avec sursis avaient été requises contre eux, ainsi qu'une amende de 15.000 euros chacun.
Le parquet n'avait pas requis de peine précise contre Safran, jugé en tant que personne morale pour avoir avalisé les paiements, laissant le tribunal apprécier.
Safran s'était vu attribuer en 2001, sous la présidence d'Olusegun Obasanjo, un énorme contrat de 214 millions de dollars (171 millions d'euros) pour la fourniture au Nigeria de 70 millions de cartes d'identité.
En mai 2005, M. Obasanjo avait pris à partie l'ancien directeur général de Safran, lui lançant durant un colloque: "Sagem n'avait pas besoin de graisser la patte de qui que ce soit mais, malheureusement, vous l'avez fait".
L'enquête avait établi que les pots-de-vin avaient atteint jusqu'à 500.000 dollars (plus de 380.000 euros), sans compter divers cadeaux, dont des montres Rolex. Elle avait été ouverte en France en janvier 2006, après des dénonciations au Nigeria, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.