Le vin italien a entrepris de rivaliser avec les crus français et du Nouveau monde en Asie, un marché très prometteur moins touché que l'Europe ou les Etats-Unis par la crise financière et économique internationale.
En volume, l'Italie est déjà sur la plus haute marche du podium des pays exportateurs de vin avec 23% de parts de marché, devant l'Espagne (22%) et la France (14%), selon des statistiques récentes de l'OIV (Organisation internationale de la vigne et du vin).
Jusqu'à il y a peu, la péninsule expédiait surtout ses productions vers l'Amérique du nord, l'Europe du nord, l'Allemagne et la Suisse mais la région Asie gagne de plus en plus en importance. En tournée en Asie, toute la semaine, le chef du gouvernement Mario Monti s'est fait l'ambassadeur du Made in Italy.
Sur l'un des stands de Vinitaly, l'un des plus grands salons vinicoles du monde qui s'est terminé mercredi à Vérone (nord-est), Soon-Choong Kim, importateur de vin, vient féliciter un viticulteur du Frioul pour la qualité de son blanc.
"La nourriture italienne est n°1 en Corée parce que les Coréens aiment les pâtes et les produits italiens. On compte désormais plus de 700 restaurants italiens en Corée, donc automatiquement, la demande pour les vins italiens va augmenter!", confie à l'AFP-TV Soon-Choong Kim, vice-président de l'association coréenne des importateurs de vins et spiritueux.
En Corée du sud, les vins italiens arrivent en troisième position, derrière les Français et les Chiliens avec 16%. Mais les spécialistes prédisent d'amples marges de progression.
Dans toute l'Asie, les vins italiens, qui offrent un bon rapport qualité prix et une grande variété, sont à la mode.
Même si le marché nord-américain, l'Allemagne ou encore les pays du nord de l'Europe restent les plus gros clients de l'Italie, l'Asie est devenu le nouvel eldorado des exportateurs de vin. Moins touchée par la crise que l'Europe ou les Etats-Unis par exemple, le continent a également changé sa manière de consommer de l'alcool.
"Dans le passé, les consommateurs chinois préféraient les alcools forts. Mais ils ont été familiarisés aux questions de santé publique. Sans parler du niveau de vie qui a fortement augmenté. Donc ils ont tendance aujourd'hui à préférer le vin", souligne Benjamin Chau, directeur exécutif adjoint du Bureau de développement du commerce à Hong Kong (Hong Kong Trade Development Council).
L'an dernier, la consommation de vin en Asie a atteint 5,5 milliards de litres, en hausse de 10% par rapport à 2010 et pour 2015, les spécialistes prévoient d'arriver à 6 milliards de litres.
"Le grand pari pour tous les viticulteurs aujourd'hui, c'est la Chine", souligne Ettore Nicoletto, patron du groupe vinicole Santa Margherita. Et selon lui, la première chose c'est leur faire "comprendre ce qu'est le vin, pourquoi on en boit et comment le marier à la nourriture".
"Et cela avant même d'aborder la complexité des appellations contrôlées, et des vins moins connus", estime-t-il.
Pour Pierangelo Tommasi, directeur pour l'exportation et le marketing de la cave familiale Tommasi qui a fêté ses 110 ans cette année, l'export est essentiel puisqu'il représente 80% de l'activité même si l'Asie ne compte pour le moment que pour 8% de ses ventes à l'étranger.
Il estime aussi qu'il faut mener "un vrai travail d'éducation" du goût des consommateurs. D'autant que "d'autres pays, comme la France par exemple, ont colonisé l'Asie, bien avant" les vins italiens.
Et contrairement à ce qui s'est passé Outre-Atlantique, les vins de la Botte ne pourront pas compter sur la présence d'une forte communauté italienne.